Fromages 12 mars 2024

Les fromages québécois doivent maintenant devenir moins chers

Bien qu’il félicite les fromagers québécois pour l’excellente qualité et la diversité des fromages que l’on retrouve aujourd’hui, le cofondateur du concours Sélection Caseus, Patrick Tirard-Collet, estime qu’il est maintenant nécessaire de réduire les coûts de production.

« Présentement, on voit que certains produits québécois sont plus dispendieux que des fromages équivalents provenant de l’étranger. Le prix reste un argument important pour plusieurs consommateurs », analyse celui qui a été enseignant en technologie fromagère pendant près de 30 ans. Selon lui, les volumes plus faibles de certaines fromageries artisanales expliquent une partie des coûts de production plus élevés et, par ricochet, de leur prix plus élevé sur les tablettes. 

Les fromageries québécoises devront donc, à ses yeux, augmenter leur productivité ou aller chercher des économies d’échelle afin d’offrir un prix plus compétitif face aux produits importés. Patrick Tirard-Collet ajoute cependant que les fromagers doivent composer avec une matière première, le lait, souvent plus chère au Québec que dans les autres pays, reconnaissant ainsi que de diminuer le coût de production des fromages d’ici est un défi. 

Julien Chamberland, enseignant en technologie fromagère à l’Université Laval, souligne que des fromageries innovent pour accroître leur rentabilité, notamment en valorisant la protéine contenue dans le lactosérum, un liquide rejeté lors de la fabrication du fromage.

Le but, c’est de faire plus de fromages avec le même nombre de litres de lait et avec la même capacité d’équipement

Julien Chamberland

L’un de ses projets de recherche vise à générer des revenus supplémentaires à partir du lactosérum, en transformant cette matière en un produit qui protège le bois du soleil et des intempéries.

En comparaison avec la France

Patrick Tirard-Collet explique que la France offre une formation plus spécialisée dans la production de fromage et que certains fromagers québécois ont remporté des prix notamment en raison de l’expertise qu’ils ont été chercher en France. Par contre, il estime que les Français, qui se concentrent sur des formations spécifiques à leurs fromages nationaux, comme le camembert, se voient souvent plus encarcanés et limités dans leur créativité. « Ce qui est fantastique au Québec, c’est que les fromageries sont très dynamiques. Elles se sont inspirées des fromages européens, tout en développant une facture très typique du Québec. Des fromages de très haute qualité d’inspiration anglaise, italienne, ou d’inspiration hollandaise, comme le Bergeron ou le Louis Cyr. »