Territoire 8 avril 2024

Quand les rêves d’une maison sur la terre s’étiolent

Dans le cadre de son travail, Isabelle Hardy, conseillère stratégique en développement agricole à Lanaudière Économique, rencontre de nombreux producteurs agricoles en démarrage qui rêvent de pouvoir s’établir sur leur terre, mais qui sont confrontés à des refus répétés de la CPTAQ parce que leur entreprise n’est pas leur première source de revenus.

Isabelle Hardy

Le prix élevé des terres en force plus d’un à garder un deuxième emploi pour joindre les deux bouts, remarque Mme Hardy. Pourtant, le fait de ne pas pouvoir vivre sur la terre qu’ils exploitent nuit souvent au développement de leur entreprise. « Ça remet même en question l’établissement agricole s’il n’y a pas [de maison] », dit-elle en citant le cas récent d’un jeune pomiculteur qui, à force de refus, a mis sa terre en vente. 

Guy Lebeau, conseiller en zonage agricole et ancien commissaire à la CPTAQ de 1990 à 2013, reconnaît que ce critère de viabilité d’une entreprise agricole, qui est parmi ceux qui sont « scrutés à la loupe par les commissaires », est certainement un enjeu pour des entreprises en démarrage. 

Difficile à juger

Mais quand on se transpose dans les yeux de la Commission, il faut savoir que ces demandes sont parmi les plus difficiles, car les commissaires sont obligés de juger du sérieux de l’individu. Pour quelqu’un qui a de l’intérêt pour l’agriculture et qui est accompagné par un agronome, ça se peut que tu dises : ‘‘OK, on va permettre la construction avant que le projet soit viable, parce qu’il est accompagné par un expert’’, mais c’est aussi possible que ce producteur abandonne quelque temps après. Une fois que la maison est construite, tu ne vas pas leur enlever

Guy Lebeau

À son avis, les résidences sont le secteur « où il y a le plus d’incohérences dans les décisions de la CPTAQ », parce qu’il y a de nombreuses particularités dans chaque territoire et plusieurs nuances selon chaque cas.