Régions 19 février 2024

Québec veut alléger le fardeau administratif des abattoirs

Un exercice de simplification de la réglementation encadrant les activités d’abattage est en cours au ministère de l’Agriculture, de Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). 

« Les modifications envisagées visent à simplifier la réglementation, à alléger le fardeau administratif et à responsabiliser les exploitants d’entreprises alimentaires », résume le porte-parole Yohan Dallaire Boily.

Plus concrètement, le MAPAQ songe entre autres à introduire la télémédecine vétérinaire pour contrer la pénurie d’inspecteurs dans les abattoirs. Il pourrait également offrir davantage de flexibilité aux exploitants, en leur permettant par exemple de gérer eux-mêmes les risques de certains procédés, dont l’abattage.

Dans le même objectif, le projet pilote d’abattoir de poulets à la ferme, qui permet à un éleveur d’abattre lui-même ses oiseaux, suit son cours, spécifie M. Dallaire Boily. Ce projet a pour but d’évaluer l’incidence de cette pratique sur la salubrité des viandes et de définir des normes qui pourraient éventuellement encadrer cette pratique pour les petits éleveurs.

Ratio d’abattoirs par ferme

Québec : 1 pour 100

Moyenne canadienne : 2 pour 100

Source : UPA

Trop long, estime l’UPA

Ces modifications sont réclamées et attendues avec impatience par l’Union des producteurs agricoles (UPA), qui dit recevoir un nombre important d’appels d’éleveurs décriant le manque de services d’abattage dans différentes régions du Québec. D’ailleurs, le président de l’organisation, Martin Caron, estime que le délai de 2025-2026 prévu par le MAPAQ pour l’adoption des modifications est trop long.

Ce n’est pas de l’argent qu’on demande, mais juste de rendre l’encadrement plus flexible et moins dispendieux. Je pense que le MAPAQ le réalise, mais nous, c’est juste dans le délai qu’on insiste : est-ce qu’on est obligé de faire toutes ces études-là, comparativement à d’autres provinces qui ont déjà tout fait ça et qui sont déjà rendues là?

Martin Caron, président de l’Union des producteurs agricoles

Il souligne, à cet égard, une disparité dans l’accès aux services d’abattage au Québec par rapport au reste du Canada, alors que le ratio abattoirs-fermes serait d’un pour cent fermes dans la province, comparativement à deux pour cent, en moyenne, à l’échelle canadienne, selon des données calculées par l’UPA. « On a aussi du chemin à faire pour les abattoirs multiespèces, qui abattent en moyenne quatre espèces au Québec, alors que la moyenne canadienne est de six », ajoute M. Caron.


Nombre d’établissements sous permis au Québec

Abattoirs fédéraux : 26

Abattoirs provinciaux : 25

Abattoirs de proximité : 27


7 solutions au manque d’abattoirs 

Recommandations de l’UPA

  • Autoriser la vente à la ferme de la viande issue d’animaux abattus dans les abattoirs de proximité, des installations actuellement sous-
    exploitées au Québec, selon l’UPA;
  • Permettre l’abattage à la ferme dans les régions subissant une pénurie d’abattoirs, en offrant une formation adéquate aux éleveurs;
  • Garantir un service minimum d’abattage sous inspection permanente pour toutes les espèces et dans chaque région;
  • Déléguer des actes vétérinaires à des technologues pour les inspections de la viande et développer la téléinspection pour remédier à la pénurie de vétérinaires.

Recommandations du Comité permanent de l’agriculture

  • Procéder à une révision externe de la réglementation canadienne afin de la moderniser, de simplifier les processus d’approbation et d’éliminer les obstacles qui nuisent à la mise en marché;
  • Harmoniser les normes de transformation alimentaire fédérales et provinciales afin de réduire les barrières au commerce interprovincial et international;
  • Offrir un soutien aux transformateurs qui cherchent à se mettre en conformité avec les normes internationales lorsque ces dernières ajoutent un fardeau significatif par rapport aux mesures provinciales.