Environnement 13 mai 2024

4 stratégies pour baisser les émissions de GES

1. Garder ses vaches plus longtemps

Hendrick Hassert

« Il faut augmenter le nombre de lactations par vache. Car présentement, on n’est pas particulièrement très bons  au Québec. En moyenne, une vache fait deux, parfois trois lactations, et puis on s’en débarrasse. Cela demande d’élever plus d’animaux de remplacement, et ces animaux représentent une production de GES et des coûts d’alimentation, mais ne produisent aucun litre de lait. Garder ses vaches [productives] plus longtemps diminue les GES d’une ferme laitière », assure Hendrick Hassert.

2. Mieux gérer les fumiers et lisiers 

« On remarque que la séparation du lisier en une partie solide et liquide diminue énormément les émissions de méthane dans la fosse [le méthane est un gaz qui équivaut à 28 fois le CO2] », indique M. Hassert. Un séparateur de lisier est le genre d’équipement dont les coûts d’acquisition pourraient maintenant être rentabilisés par la diminution d’émission de GES. 

3. Intensifier la production de carbone dans ses champs

Marie-Élise Samson

De façon générale, plus il y a de plantes dans un champ et plus ces plantes demeurent longtemps actives au champ, plus le taux de photosynthèse par unité de surface sera élevé et plus elles capteront des GES et retourneront du carbone au sol. Pour cette raison, les sols sous prairies contiennent généralement de 15 à 30 % plus de carbone que les sols cultivés, qui sont souvent laissés à nu entre les rangs et laissés à nu après la saison de croissance de la culture principale, détaille la professeure-chercheuse Marie-Élise Samson, de l’Université Laval. Elle ajoute que les pratiques agricoles comprenant des cultures de couverture, des céréales semées à l’automne ou une rotation avec prairies permettent d’accroître le carbone dans le sol de façon significative. Si tous les champs du Québec étaient couverts de plantes de couvertures, de façon théorique, cela pourrait représenter une séquestration de 5,2 mégatonnes de CO2 par année. Ce chiffre, à prendre avec des nuances, spécifie-t-elle, pourrait contrebalancer une portion des 7,8 mégatonnes d’émissions de GES du secteur agricole québécois, évaluées en 2018.

4. Privilégier les cultures pérennes

La biomasse contenue dans les racines peut être jusqu’à 4,5 fois plus importante que celle contenue dans les parties aériennes des plantes. Le système racinaire vaste et profond des plantes pérennes fait en sorte que 46 à 65 % du carbone produit par la plante est retourné au sol chaque année, contre 20 à 30 % pour les plantes annuelles, rapporte Mme Samson. De plus, les plantes fourragères libèrent du carbone avec leur système racinaire sous forme de liquide organique, d’où l’intérêt d’accroître les superficies en plantes fourragères pour obtenir des diminutions de GES en agriculture. Parmi les meilleures espèces permettant de retourner du carbone au sol, Mme Samson mentionne la fétuque élevée, le brome des prés et le panic érigé.