Environnement 13 mai 2024

Séquestration vs émission de carbone

Le carbone est à la mode, mais la terminologie n’est pas évidente à comprendre. Comment un sol peut-il émettre du carbone, tandis qu’un autre en séquestre? Voici des réponses.

Séquestration

Les activités humaines émettent d’énormes quantités de gaz carbonique (CO2), qui contribue à l’effet de serre et aux changements climatiques. Grâce à la photosynthèse, les plantes captent et transforment une partie de ces gaz. Quand les plantes meurent et se décomposent, les organismes vivants du sol (insectes, bactéries et autres) les transforment en une matière organique, qui est donc riche en carbone.

Plus cette matière organique augmente, plus le sol accumule du carbone ou, dans le jargon, plus il séquestre du carbone. 

Émission

Un sol dont le taux de matière organique diminue relâche du carbone accumulé, et ce, sous forme de gaz carbonique dans l’atmosphère. Il devient donc un émetteur de CO2. Pourquoi? D’une part, la culture de plantes annuelles retourne moins de carbone au sol qu’une prairie naturelle ou une forêt en apportait au sol. Il y a donc eu un lent appauvrissement de la matière organique en raison des cultures depuis que la terre a été défrichée. D’autre part, le fait de travailler la terre augmente l’oxygénation du sol. Plus un sol est oxygéné, plus il permet aux micro-organismes de s’activer, et la « respiration » de ces derniers émet du gaz carbonique. Aussi, le travail des micro-organismes dégrade la matière organique, ce qui libère des éléments nutritifs comme l’azote. Si ces éléments nutritifs ne sont pas pleinement utilisés par les plantes, ils sont transformés en protoxyde d’azote (N2O), un gaz qui équivaut à 265 fois le CO2.

Les terres agricoles pour séquestrer du carbone

Devant l’urgence de développer des solutions d’atténuation des changements climatiques, plusieurs pays, dont le Canada, veulent se servir des terres agricoles pour séquestrer du carbone. Un concept précis, nommé « L’initiative 4 pour 1000 », a été lancé par la France en 2015. Il fixe l’objectif d’augmenter le taux de matière organique de 0,4 % par année dans l’ensemble des terres, ce qui permettrait de séquestrer chaque année dans les sols assez de gaz carbonique pour compenser les émissions de GES de l’humanité.
Cet objectif sera néanmoins difficile à atteindre, car ce ne sont pas tous les sols minéraux, selon les régions du monde, qui peuvent augmenter leur matière organique et séquestrer du carbone. Au Québec, les données actuelles montrent que la majorité des fermes ont des sols en perte de matières organiques et ne séquestre donc pas de carbone.