Le phénomène de la transformation des églises s’accélère nettement depuis quelques années, constate Isabelle Lortie, directrice adjointe du Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ). « Depuis la pandémie, il y a de plus en plus de réflexions sur l’avenir de ces lieux. Avoir été fermés plusieurs mois sans revenus a été difficile pour eux. Il y a aussi les coûts d’entretien et de restauration qui ont augmenté, tandis que les revenus baissent toujours. »

Simon Labrecque, adjoint au secrétaire général de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, mentionne que lorsqu’une communauté n’est plus en mesure de « payer le chauffage, le diocèse prend le relais, mais au bout d’un moment, ça n’est plus possible ». Il souligne d’ailleurs que le problème est plus criant à la campagne.  « En contexte plus urbain, les gens issus de l’immigration rendent les églises plus dynamiques », fait remarquer M. Labrecque.

Le tiers des églises touchées

En 2003, le CPRQ dénombrait 2 751 lieux de culte. Vingt ans plus tard, 802 de ces églises, soit le tiers, sont en mutation, c’est-à-dire qu’elles ont été transformées ou sont en voie de l’être. Les autres sont toujours en activité.

Parmi ces 802 églises en mutation, 136 sont fermées. Environ la moitié d’entre elles sont destinées à divers projets, tandis que 47 ne font l’objet d’aucun projet connu. Seize églises sont à vendre, et 11 églises seront démolies prochainement, s’ajoutant aux 126 qui l’ont été depuis 20 ans.

Beaucoup de citoyens se disent préoccupés par l’avenir de ces lieux de cultes. Dans une lettre ouverte envoyée aux médias au début de l’année, un groupe de citoyens a appelé à une mobilisation pour leur sauvegarde. « Notre groupe, composé de simples citoyens de tout le Québec, interpelle les différents paliers de gouvernements, les municipalités, mais aussi la population à se parler. Il faut cesser d’attendre. Le débat est nécessaire », a affirmé Karim Larose, porte-parole du groupe Portes ouvertes, en entrevue.

Une deuxième vie

Par nostalgie et attachement envers ces bâtiments, ou pour préserver un patrimoine bâti d’une grande valeur, des projets sont mis en place par des municipalités, des organismes sans but lucratif ou des investisseurs privés pour redonner un nouvel usage aux églises. Ces lieux de culte désertés font ainsi l’objet d’initiatives qui sortent parfois de l’ordinaire.