Grandes cultures 14 février 2024

Bilan de la saison 2023 dans les grandes cultures : des avis de dommages et des indemnités records  

Comme on pouvait le prévoir, la saison 2023 dans les grandes cultures aura été l’une des plus médiocres des dernières années, autant du côté du rendement que de la qualité… sauf pour le soya, qui a su mieux s’accommoder des caprices de Dame Nature. 

Printemps sec, gel au mois de mai, averses diluviennes en juillet et août dans le sud de la province, toutes les conditions étaient réunies pour un sombre bilan qui s’est finalement confirmé. « Heureusement qu’on a eu du temps chaud en septembre et de bonnes conditions pour la récolte. Ça a partiellement compensé les problèmes pour le maïs et le soya, mais pour les céréales, c’était trop tard. La qualité du blé et de l’orge, notamment, a été fortement compromise », explique Ramzy Yelda, analyste principal des marchés chez les Producteurs de Grains du Québec.

La saison 2023 dans les grandes cultures aura été l’une des plus médiocres des dernières années, sauf pour le soya. Photo : Statistique Canada

Avec un rendement moyen de 9,3 tonnes à l’hectare, c’est un peu plus de 3 300 000 tonnes de maïs-grain qui ont été récoltées au Québec en 2023, en baisse de plus de 200 000 tonnes sur l’année précédente. On constate aussi des diminutions marquées du côté du blé (255 000 tonnes contre
347 000 tonnes en 2022), de l’orge (69 400 tonnes contre 105 000 tonnes en 2022), de l’avoine (133 000 tonnes contre 210 000 tonnes en 2022) et enfin, du canola (29 500 tonnes contre 38 700 tonnes en 2022). En fait, ce sont les petites fèves de soya qui ont le mieux performé avec 1 268 000 tonnes en 2023 contre 1 126 000 tonnes l’année précédente. 

En plus de cette mauvaise saison, les producteurs de maïs-grain ont eu à composer avec le stress relié à la fermeture d’abattoirs chez Olymel et conséquemment, la décision de diminuer de 1,1 million le nombre de porcs au Québec. 

Ça s’est traduit par une forte baisse dans la partie locale du prix du maïs parce qu’on s’est dit que moins de porcs signifie moins de consommation de maïs. On parlait alors d’une baisse de la demande de maïs d’environ 300 000 tonnes par année au Québec.

Ramzy Yelda


« C’était une situation assez sérieuse, mais avec le recul, on estime maintenant que ça va représenter un impact d’environ 200 000 tonnes par année. C’est encore important, mais pas aussi dramatique que ce qu’on aurait pu croire. »

Indemnités records à la FADQ

À La Financière agricole du Québec (FADQ), un total de 4 613 avis de dommages reliés aux cultures de céréales, maïs-grain et protéagineuses de la saison 2023 ont été déposés jusqu’ici. « Ça représente des indemnités de 20 M$ sur les 114 M$ que nous avons versés pour toutes les cultures. Ce sont les plus importantes dans les cinq dernières années », indique Annie Flamand, directrice Projets et pilotage en assurance. 

Ce sont les producteurs des régions de la Montérégie, de la Chaudière-Appalaches et du Centre-du-Québec qui ont déposé le plus d’avis de dommages. La maladie la plus souvent enregistrée dans les réclamations était la présence de toxines dans les grains provoquée par l’été pluvieux. 

« À cause de la pluie, nous avons eu aussi beaucoup de réclamations reliées au blé qui a versé dans les champs, ce qui a entraîné une baisse dans la qualité des grains et leur quantité », poursuit Annie Flamand. 

Au Québec, 71 % des superficies des grandes cultures sont protégées par le programme d’assurance récolte (ASREC). « On ne veut jamais en bénéficier, mais quand on vit des situations comme en 2023, on est content d’être assuré », conclut Annie Flamand.