Une champignonnière intérieure lancée par de nouveaux maraîchers

RIVIÈRE-OUELLE – Un jeune couple de producteurs maraîchers qui nourrissait déjà une passion commune pour la mycologie a démarré une champignonnière intérieure à Rivière-Ouelle, dans le Bas-Saint-Laurent, en mars dernier. L’entreprise baptisée Champignons des Méandres produit différentes variétés de pleurotes, pholiotes et hydnes.

Sébastien Leblanc et Sophie Jouan ont en quelque sorte mis de côté la petite production maraîchère qu’ils exploitaient depuis quatre ans sur une terre en location pas très loin de leur site actuel. Quand ils ont acheté leur maison, l’idée leur est venue de transformer le garage pour en faire l’une des rares champignonnières intérieures au Québec.

Un Hydne Hérisson à l’étape de la fructification.

Au départ, Sophie et Sébastien ont dû apprivoiser le travail agricole puisqu’aucun des deux ne provenait d’une famille d’agriculteurs. Sébastien avait été jusque-là travailleur d’usine en Montérégie, d’où il est originaire. Sophie, qui est native de Québec, a, pour sa part, choisi de faire un retour aux études en techniques équines au campus La Pocatière de l’Institut de technologie agroalimentaire, en 2017. Ils ont décidé de s’établir au Kamouraska après avoir déniché, un peu par hasard, une terre à louer à Rivière-Ouelle en revenant d’un voyage en Gaspésie.

Production peu courante

Comme la production intérieure de champignons est peu courante au Québec, c’est vers les États-Unis que le couple s’est tourné pour obtenir de l’information sur cette culture.

On s’aide aussi entre producteurs. Ici, au Québec, il n’y a pas vraiment de compétition entre nous puisque nous avons chacun nos territoires.

Sébastien Leblanc

La production passe par différentes étapes, la première étant l’ensachage du substrat. Les sacs voyagent ensuite entre la salle de stérilisation, le laboratoire d’inoculation et la salle d’incubation avant de terminer leur route dans la salle de fructification. 

Sophie et Sébastien cultivent ainsi plus de 300 livres de champignons frais par semaine. « On pourrait difficilement en produire plus pour le moment étant donné les trop grands risques de pertes », souligne le producteur. Les champignons ont une certaine durée de vie. La transformation devient alors une façon de prolonger la conservation.

Produit de niche

Le couple fait affaire avec un sous-traitant pour la transformation du produit. Les champignons frais sont vendus à des restaurateurs et à des épiceries fines, puis lors de marchés publics. Une certaine quantité est aussi écoulée à la ferme.

La qualité de la récolte repose essentiellement sur le contrôle du climat et de l’humidité, explique Sébastien, qui a dû mettre lui-même au point certains équipements qui n’existaient pas ou n’étaient pas adaptés à cette culture. 

Il faut, dit-il, respecter différents paramètres selon les variétés afin d’obtenir la meilleure qualité possible de champignons. La température dans l’usine est maintenue aux environs de 20 degrés, autant l’hiver que l’été. Le nettoyage régulier des équipements est aussi très important pour éviter le développement de bactéries.

Sophie et Sébastien sont fiers de dire que le milieu soutient leur projet. Leur objectif est de développer leur entreprise tout en la gardant à une échelle humaine. « On se partage les tâches selon nos compétences », résume Sophie. 

Quant à la ferme maraîchère, le couple ne sait pas encore vraiment ce qu’il va en faire. Chose certaine, elle fera l’objet d’une restructuration.