Vie rurale 5 janvier 2023

Un producteur laitier à la station de ski la nuit

Tous les hivers, depuis dix ans, Sylvain Hinse est producteur laitier le jour, puis devient superviseur à l’enneigement et dameur, la nuit, sur les pentes de ski, à Tingwick, dans le Centre-du-Québec.

« [Dès novembre], je m’occupe du système d’enneigement, c’est-à-dire que je fais de la neige. Je gère les compresseurs, les pompes. Je suis presque toujours dehors. […] Quand l’enneigement est terminé, vers janvier, j’opère la dameuse, qui sert à régénérer la surface de glisse. J’adore ça », détaille avec enthousiasme celui qui se considère d’abord et avant tout comme un agriculteur, mais qui a aussi développé une passion pour son emploi saisonnier à la Station du Mont Gleason, qu’il avait a priori déniché pour arrondir les fins de mois. Affirmant être un « oiseau de nuit », il apprécie même ses quarts de travail qui commencent à 15 h 30 et qui se terminent à 3 h du matin. Lors d’une journée typique du mois de décembre, il se lève vers 10 h, travaille un peu à l’étable, puis dîne avec sa conjointe, avant de se rendre sur les pentes. Il revient finalement à la maison, tôt en matinée, un peu avant l’heure du train. « Quand je reviens, ma blonde se lève pour aller à l’étable. On s’entrecroise dans le cadre de porte, on jase un peu. Après, si elle a besoin d’aide pour la traite, je vais l’aider. Sinon, je vais me coucher jusqu’à 10 h », raconte M. Hinse.

Il explique pouvoir se permettre de travailler à l’extérieur de la ferme l’hiver, puisque c’est une saison « plus tranquille ». Sa conjointe et lui, par ailleurs, ont des horaires complémentaires. Alors que lui va sur les pentes de ski de novembre à avril, elle prend le relais à la ferme. L’été, c’est l’inverse. C’est elle qui occupe un deuxième emploi, au marché public de Victoriaville. « Il y a toujours quelqu’un à la ferme », assure le producteur, réitérant adorer ce train de vie. « Je ne sais pas comment les gens font pour être dans leur entreprise tout le temps. Moi, le côté social me manquerait. Quand je reviens, ma blonde et moi, on a des anecdotes à se raconter. »

Aussi conseiller municipal

Pour couronner le tout, Sylvain Hinse enfile aussi, environ 15 heures par mois, le chapeau de conseiller municipal, à Tingwick. « Il y a des réunions avec des dates fixes, alors c’est facile à faire fitter à mon horaire », assure le producteur, admettant qu’il lui arrive de travailler 24 heures en ligne. « Quand on a un caucus à 8 h 30 du matin [au conseil municipal], au lieu d’aller faire dodo après mon shift de nuit à la station, je vais à mon caucus », résume-t-il, en riant. Il précise que certains moments sont moins occupés, ce qui lui permet de rattraper du sommeil. Quand la température n’est pas favorable à l’enneigement, en novembre et en décembre, par exemple, il lui arrive d’avoir congé plusieurs jours de suite. « Des fois, ma directrice générale me demande : “Quand est-ce que tu vas dormir?” Je réponds :  “Mercredi” », plaisante-t-il. « Le pire, c’est que je suis un gros dormeur, mais la passion fait en sorte que je n’ai pas envie de dormir. J’aime tout ce que je fais. »

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