Vie rurale 5 janvier 2023

Une infirmière pour veiller à la santé du troupeau

Travailler sept jours comme infirmière, puis sept autres à la ferme familiale, c’est le rythme de vie effrénée menée pendant dix ans par Marie-Josée Brault. Quand son conjoint, Jonathan Giguère, a repris, en 2000, la ferme laitière de son père, située à Ham-Nord, dans le Centre-du-Québec, le troupeau de vaches laitières n’était pas encore assez gros pour permettre à deux personnes d’en vivre.

« J’ai travaillé quelques années dans une ferme porcine, puis en 2010, j’ai commencé des études pour devenir infirmière, même si notre objectif était qu’un jour, je puisse revenir à temps plein à la ferme familiale », explique Mme Brault.

À travers ce cheminement, elle a donné naissance à trois enfants. « Quand le bébé no3 est arrivé, j’avais mon diplôme et je travaillais dans un poste de nuit comme infirmière. C’est ma belle-mère qui nous a beaucoup aidés et qui prenait le relais le matin avec les enfants ou lorsqu’on devait aller les chercher à l’école parce qu’ils étaient malades. »

Avec le recul, elle se rend compte aujourd’hui que ce rythme de vie n’avait « pas de bon sens ». « Je pense que j’y arrivais parce que je délaissais certaines tâches. Je négligeais par exemple un peu plus la maison », reconnaît-elle.

Elle ne regrette toutefois pas cette double-vie, qui lui a apporté beaucoup sur le plan humain. « C’est une dimension de mon travail d’infirmière que j’aimais énormément et qui était, et est encore, très importante pour moi. Les gens m’apportent beaucoup, mais depuis la pandémie de COVID-19, mon travail s’est beaucoup transformé et j’étais un peu plus essoufflée », admet-elle.

Retour à la ferme

Depuis environ deux ans, le troupeau laitier a atteint une grosseur qui lui a permis d’envisager une implication à temps plein à la ferme, une étape qu’elle vient tout récemment de franchir en laissant son emploi d’infirmière, mais non sans un petit pincement au cœur. « Je continuerai quand même d’être une dépanneuse en travaillant deux jours par mois au CHSLD », précise celle qui n’était tout de même pas prête à abandonner complètement cette deuxième carrière.

Or, depuis qu’elle est agricultrice à temps plein, elle avoue avoir retrouvé une légèreté qu’elle n’avait pas ressentie depuis longtemps. « J’ai repris mon rôle de mère, et j’ai aussi l’impression que je reprends le dessus sur tout ce que je laissais un peu en plan avant », confie-t-elle.

Le partage des tâches à la ferme a aussi allégé le quotidien de son conjoint, qui est reconnaissant d’avoir plus d’aide, ajoute la productrice. « Je dois avouer que mon cœur a toujours été en premier ici, à la ferme. Mais d’un autre côté, je réalise que mes connaissances d’infirmière peuvent être un atout avec les animaux, car parfois, les théories que j’ai apprises sur la biologie humaine me servent pour bien enligner les traitements que l’on administre aux vaches, par exemple après le vêlage », illustre-t-elle.

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