Vie rurale 5 janvier 2023

Un deuxième emploi encore nécessaire

Propriétaire d’une bergerie laitière à Magog, en Estrie, David Beauvais occupe également un emploi de représentant pour l’entreprise québécoise Blondin Sires, qui se spécialise en génétique de vaches laitières. Il aime l’entreprise pour laquelle il travaille, il aime la clientèle, mais dans un monde idéal, il préférait ne pas y travailler afin de pouvoir se consacrer uniquement à sa ferme, qui compte 100 brebis en lactation.

« Je suis présentement à ma troisième année avec ma ferme. Je fais mes frais, sans par contre pouvoir me sortir un salaire. Alors pour payer l’épicerie, mon auto, il me faut un autre emploi », témoigne-t-il. Le poste de représentant en génétique se voulait une option intéressante pour M. Beauvais, qui a étudié en production animale et qui a grandi dans la ferme de vaches laitières de ses parents, où il s’est toujours intéressé à la génétique. Le principal intéressé ne se considère pas comme un vendeur chez Blondin Sires, mais plutôt comme un conseiller. « J’ai des clients qui font leurs propres choix de génétique, mais j’en ai d’autres où je fais du clé en main. J’analyse leur besoin, les performances de leur troupeau, je propose un plan d’amélioration génétique et ensuite, je le gère pour eux avec de la génétique qui vient à 100 % de nos taureaux », raconte David Beauvais, 31 ans.

Le travail sur la route lui plaît et la rencontre de ses clients, une centaine de producteurs, lui apporte des discussions riches et plusieurs idées. « L’horaire aussi, ça fitte bien avec ma ferme. Car je suis comme un travailleur autonome, je peux arranger mes rendez-vous en fonction de mes agnelages. Avant, comme deuxième métier, je déneigeais des cours et quand il neigeait, et que j’avais des problèmes à la ferme en même temps, ce n’était pas facile », se remémore-t-il.

Son emploi lui permet aussi de parfaire ses connaissances en génétique, lui qui voit un énorme potentiel d’amélioration dans la génétique ovine. « Il n’y a pas vraiment d’insémination. On est comme il y a 60 ans dans la vache laitière », compare-t-il.

Par ailleurs, il fait remarquer que le centre d’insémination pour lequel il travaille connaît une croissance impressionnante des ventes, au Québec, mais aussi dans une vingtaine de pays étrangers, et ce, en revenant à une philosophie de sélection génétique du passé. « C’est une stratégie différente des gros centres d’insémination qui mise maintenant sur la génomique. Blondin Sires font plutôt comme avant, dans l’élevage, en se concentrant sur les familles dominantes de la race, avec leur pedigree, les vaches très bonnes, les excellentes, etc. On a de la semence de fermes connues du Québec, et on axe beaucoup sur la durée de vie des animaux et la conformation », énumère-t-il.

Son futur comme représentant dépendra de la rentabilité de sa ferme et aussi de sa capacité à concilier son emploi avec l’expansion de son entreprise. « Il y a un stress de marier les deux! Comme quand ta ferme n’est pas prête à 100 % pour l’hiver, mais que tu dois partir travailler pour gagner des revenus, c’est stressant », souligne le propriétaire de la Ferme Berge-Air. 

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