Régions 5 janvier 2024

La sécurité alimentaire nordique renforcée par les serres

Les communautés nordiques sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser à l’agriculture en serres comme solution de rechange aux prix exorbitants des denrées périssables à l’épicerie et comme moyen d’augmenter la résilience alimentaire au nord du 49e parallèle. 

Tant chez les Cris que chez les Jamésiens et les Inuits, les projets de serres se multiplient dans le Nord-du-Québec. Selon le chercheur Hugo Valls-Fox, chargé de projet au Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA) du cégep de Victoriaville, le point commun entre ces projets est surtout de permettre aux « communautés d’avoir le lead sur l’alimentation à laquelle elles ont accès ». 

Il insiste donc sur l’importance que ces projets aient accès à un soutien public et à des moyens de développer des compétences en agriculture pour assurer leur pérennité.

À Chisasibi, par exemple, il y a une serre qui va être intégrée à la nouvelle école. On sent vraiment une volonté d’apprendre des choses sur l’agriculture dès le secondaire en espérant que sur le long terme, ça fasse des personnes qui soient formées et qui puissent porter ces projets agricoles. C’est pareil au Nunavik.

Hugo Valls-Fox, chargé de projet au CISA du cégep de Victoriaville

Un moyen de diversifier l’économie

Plus au sud , dans la petite communauté jamésienne de Chapais, les difficultés d’approvisionnement vécues pendant la COVID-19 et les feux de forêt de l’été dernier ont mis en lumière l’importance de réfléchir à la sécurité alimentaire, fait valoir Caroline Drapeau, conseillère en économie circulaire à la Société d’aide au développement des collectivités de Chibougamau-Chapais. « L’objectif est d’assurer un approvisionnement en denrées alimentaires dans la boucle la plus courte qui soit, autant par sécurité d’approvisionnement que par souci de l’environnement », dit-elle.

Le meilleur exemple d’économie circulaire au profit de l’alimentation locale? Sans doute le chauffage des plus de trois hectares de culture intérieure des Serres bleues grâce à la valorisation de la vapeur de l’usine de cogénération alimentée par la biomasse forestière de Chapais Énergie. 

« Je vois Chapais vraiment comme un point central pour desservir le reste du nord en termes de produits frais », plaide la directrice du développement économique de la Corporation de développement économique de Chapais, Stéphanie Houde, rappelant que la réflexion autour de l’agroalimentaire entamée il y a une décennie découlait entre autres de l’idée de diversifier une économie articulée autour de l’exploitation des ressources naturelles, sujettes aux aléas économiques.