Phytoprotection 16 avril 2024

Recherche : des avancées dans la lutte contre la pourriture du soya

Des avancées dans les connaissances de la composition biologique de la pourriture phytophthoréenne du soya permettent de mieux gérer celle-ci et ainsi de réduire les pertes causées par l’une des plus importantes maladies s’attaquant au soya.

C’est ce qu’a notamment expliqué Tanya Copley, chercheuse en phytopathologie au Centre de recherche sur les grains, lors du Rendez-vous végétal tenu au Centre des congrès de Saint-Hyacinthe le 13 février.

« L’introduction de la maladie se fait principalement par un sol contaminé, souvent par la machinerie, l’équipement, les roues, les bottes, etc. Elle nécessite un sol humide. » – Tanya Copley chercheuse en phytopathologie au Centre de recherche sur les grains

La pourriture phytophthoréenne est une maladie racinaire qui affecte principalement le soya. On retrouve des cas sévères dans des conditions humides et dans des sols compactés avec un mauvais drainage. La maladie se présente souvent en foyers, identifiables par des plantes flétries ou des lésions brunes à rougeâtres sur le collet et les tiges. Elle cause annuellement des pertes de 21 M$ en Ontario. La pourriture phytophthoréenne a déjà entraîné des pertes de 32 M$ lors d’une année ­épidémique, en 2014.

L’introduction de la maladie se fait principalement par un sol contaminé, souvent par la machinerie, l’équipement, les roues, les bottes, etc. Elle nécessite un sol humide.

Tanya Copley, chercheuse en phytopathologie au Centre de recherche sur les grains

L’importance des rotations

La gestion de la pourriture phytophthoréenne se fait par un bon drainage, en limitant la compaction, en effectuant des rotations avec des cultures non hôtes et en choisissant des cultivars résistants, notamment ceux avec les gènes RPS (résistance au Phytophthora sojae).

« Il est important de faire une bonne sélection. Pour le soya, il existe environ 40 gènes de ce type, mais seulement quelques-uns sont efficaces et ­disponibles sur le marché. Les gènes RPS1k, RPS1c et RPS3a sont fréquemment trouvés dans les ­cultivars disponibles au Canada. »

Après avoir expliqué la dynamique de la lutte contre la maladie selon la composition des gènes RPS des cultivars, la chercheuse a souligné l’importance d’effectuer des rotations pour changer les gènes RPS, notamment en optant pour des cultivars avec plusieurs gènes de résistance. « Cela permet de réduire les risques de mutation pouvant créer de nouvelles races qui pourraient s’introduire par un sol contaminé. Il y a des risques d’utiliser toujours le même gène RPS », indique Mme Copley.

Pour savoir quels gènes se trouvent dans nos champs, la chercheuse recommande d’effectuer des tests de sol. « Pour le moment, le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ n’offre pas le service. Une seule entreprise l’offre, soit AYOS technologies. Les tests permettront d’identifier les races dans un champ donné et les gènes de résistance RPS qui seront efficaces. »

Des solutions

En conclusion, la chercheuse a indiqué que les ­meilleures façons de lutter contre cette maladie sont les suivantes :

  • Améliorer le drainage et la compaction au champ;
  • Tester son champ pour détecter la présence de la maladie et des races;
  • Choisir un cultivar avec les bons gènes RPS (il faut éviter les gènes RPS1a, RPS1c et RPS1d);
  • Faire de bonnes rotations de gènes RPS, soit un minimum de deux cultivars, idéalement trois, afin de varier;

Utiliser la résistance multiple (gènes « stackés » [empilés] ou plusieurs gènes RPS) dans le même cultivar ou la résistance horizontale, par exemple un cultivar avec RPS1k et RPS3a. La résistance ­horizontale fonctionne contre la majorité des races. L’information se trouve dans les catalogues de semenciers.