Phytoprotection 16 avril 2024

Phytopathologie : savoir poser le bon diagnostic

Bactéries, champignons, nématodes, phytoplasmes, virus, insectes divers, ou encore pratique culturale inappropriée, débalancement minéral, désordre génétique ou physiologique, facteur environnemental, phytotoxicité causée par des pesticides… En matière de phytopathologie, comment s’y retrouver?

D’origine parasitaire ou non, les problèmes qui affectent les cultures ­commandent généralement une action très rapide. Recherche des causes possibles au champ, compilation des informations recueillies, ­élaboration des hypothèses de diagnostic et envoi, au besoin, d’un échantillon au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP), représentent les différentes étapes de la marche à suivre. 

Avant l’envoi au LEDP, on propose d’attacher la plante au collet avec un premier sac, puis de placer le tout dans un autre sac bien fermé.

D’emblée, précisons que les symptômes et signes observés se regroupent selon 10 catégories ­principales : anomalie de coloration, avortement, brûlure, chancre, dépérissement, faible croissance, flétrissement, malformation, pourriture et tache. Alors qu’un symptôme réfère à la manifestation visuelle de l’effet d’une maladie ou d’un désordre, un signe va confirmer la présence d’un organisme phytopathogène. « Dans le processus, il est évidemment très important d’identifier adéquatement, dès le départ, la plante symptomatique et le cultivar, de s’assurer de bien connaître leurs caractéristiques normales, rappelle Ann-Marie Breton, phytopathologiste au LEDP. Il faut garder en tête que certaines plantes sont déjà panachées ou ont des nodules, par exemple. Après, on peut commencer l’observation des symptômes. »

Reconnaître les symptômes et signes

En examinant les symptômes, il est possible d’avoir un patron prévisible suggérant davantage le développement d’une maladie, ou encore d’un problème de nature abiotique. Qui plus est, il convient ici de faire preuve de prudence, car parfois, les symptômes foliaires peuvent indiquer un problème au niveau de la tige, du collet ou des racines. La plante doit toujours être considérée dans son ensemble.

Dans le cas où l’on a accès à des instruments – loupe, binoculaire ou microscope –, il est bien sûr intéressant d’y recourir pour regarder de plus près les symptômes et signes. À propos des signes fongiques ou bactériens, attention toutefois de ne pas les confondre avec certaines ­structures anatomiques de la plante (par exemple, trichomes de toutes sortes – qui sont assimilables à de petits poils –, glandes, sores, pollen). 

Une fois les symptômes et signes observés, l’outil IRIIS phytoprotection peut être mis à contribution. Le moment est maintenant venu d’amorcer la formulation des hypothèses sur la maladie en présence. Après compilation de toutes les données, on tente de déterminer si on est devant un ­problème parasitaire ou non. Notons que les patrons de distribution peuvent aussi donner de précieux indices.   

Distribution, progression et autres considérations

« Lorsqu’un champ est symptomatique en entier ou seulement à ses abords, on a probablement affaire à un problème abiotique, relève Mme Breton. À l’inverse, une maladie va plutôt infecter moins de 20 % des plantes. Les ­problèmes parasitaires commencent en général à se développer sous forme de foyer. Une plante va alors être affectée, puis va par la suite infecter les autres plantes qui sont autour d’elle. »

Les symptômes foliaires peuvent refléter un problème au niveau de la tige, du collet ou des racines.

La vitesse de progression des symptômes constitue également un indicateur non négligeable. Quand un agent phytopathogène est actif, la dissémination sera plus lente, tout comme la sévérité du problème. Un facteur non parasitaire engendrera une apparition des symptômes plus subite et le phénomène sera synchronisé, par exemple, avec une application de pesticides qui n’a pas fonctionné correctement. 

À l’égard des autres éléments à prendre en compte, mentionnons les événements climatiques – gel, grêle, chaleur, pluie abondante, sécheresse, épisode d’ozone, froid, forte luminosité, etc. –, les pratiques culturales, de même que les propriétés du sol. Les zones de compaction, les baissières et les bandes de terre surélevées peuvent faire en sorte que les plants se développent mal et sont plus vulnérables.

Avant l’envoi au LEDP

Si cette méthodologie d’identification accroît les possibilités de déterminer soi-même l’origine du problème, un doute peut tout de même subsister et certains souhaiteront qu’une validation soit effectuée. La décision d’envoyer un échantillon au LEDP demeure toujours une option à envisager. Voici alors ce qu’il faut savoir :

  • Conserver la plante au réfrigérateur avant son envoi au Laboratoire et limiter les délais de transport;
  • Remplir le formulaire de demande d’analyse en ligne et fournir un maximum d’informations sur le problème observé. Deux services sont offerts : diagnostic et détection;
  • Acheminer des plantes entières, représentatives des individus symptomatiques, mais pas trop affectées. L’échantillon doit, de plus, être suffisamment volumineux et les feuilles dépourvues de terre. On propose d’attacher la plante au collet avec un premier sac, puis de placer le tout dans un autre sac bien fermé.
  • Bien identifier les échantillons. 

Rapidement après la réception de l’échantillon, le LEDP procédera à son traitement. Un rapport contenant les résultats des tests sera réalisé et inclura une analyse. Le diagnostic du Laboratoire sera également accompagné de références pertinentes. 

IRIIS, un outil Web accessible à tous

Gratuit et convivial, l’outil de diagnostic Web IRIIS phytoprotection permet ­d’obtenir de l’information détaillée et validée par des experts. Élaboré par le LEDP, il intègre plusieurs renseignements sur la biologie des ennemis des cultures, les techniques de prévention, les outils de dépistage, de même que les méthodes de lutte pouvant remplacer les pesticides. Grâce à son format adapté aux téléphones intelligents, il est possible d’utiliser IRIIS directement au champ. Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.iriisphytoprotection.qc.ca