Technique 20 février 2024

La technologie au service de l’industrie fruitière

Drone cueilleur, tracteur autonome, système de stimulation UV des plantes : la centaine de pomiculteurs, vignerons et autres producteurs maraîchers qui ont participé aux portes ouvertes de la PME Produce Tech ont eu un aperçu des plus récentes innovations destinées à l’industrie fruitière. Le distributeur d’équipements de Granby a également profité de l’occasion pour mettre de l’avant ses produits et services.

S’il n’en tient qu’à Frédéric Lavoie, président de l’entreprise, l’événement, qui était organisé à la fin janvier pour une deuxième année consécutive, pourrait bien devenir un rendez-vous annuel. « Dans les domaines de la viticulture et de la pomiculture, il n’y a pas vraiment d’expositions de machinerie, fait-il valoir. Il y en a une à Québec, qui se déroule ces jours-ci, mais c’est plus pour l’élevage et les grandes cultures. Disons pour l’agriculture plus traditionnelle. »  

Les portes ouvertes de Produce Tech permettent ainsi aux joueurs et professionnels de l’industrie fruitière de découvrir les nouvelles tendances, principalement venues d’Europe (Italie, France, Allemagne, Serbie, Pologne), et de peaufiner leurs projets. Outre la vente de machinerie, la PME de Granby est spécialisée dans le palissage et la protection des cultures, la réalisation de projets d’atmosphère contrôlée, ainsi que la fourniture de systèmes de calibration et d’emballage de fruits et légumes. Des ­créneaux très nichés où elle tire bien son épingle du jeu, affirme M. Lavoie.

Verger robotisé

Fils d’un pomiculteur et vigneron de Rougemont, Frédéric Lavoie a toujours été attiré par la machinerie. « Quand j’étais petit, je détestais l’ouvrage manuel sur le verger », laisse-t-il tomber avec un sourire. Ce qui l’allumait? Développer des équipements pour la production de la vigne, une culture où tout était encore à faire à la fin des années 1990. Il se souvient entre autres d’une effeuilleuse maison qu’il avait conçue.

Pas étonnant que l’entrepreneur rêve d’être un jour propriétaire d’un verger « 100 % robotisé ». « L’intervention humaine ne serait que pour maintenir les infrastructures », dit Frédéric Lavoie.  

La technologie a à ce point évolué que ce rêve pourrait être à portée de main dans une décennie, évalue-t-il. Certaines innovations présentées par Produce Tech, lors de ses portes ouvertes, sont encore en développement ou commencent à faire leurs preuves aux quatre coins de la planète. 

C’est par exemple le cas du système GOtrack. Celui-ci, développé en Pologne, permet de rendre un tracteur autonome et d’effectuer certaines opérations répétitives, comme la pulvérisation, dans un verger. 

Le tracteur Kubota du président et propriétaire de l’entreprise, Frédéric Lavoie, est équipé du système GOtrack, qui lui permet de circuler et d’effectuer certaines opérations de façon autonome. Photo : Marie-France Létourneau

Pour l’heure, Produce Tech serait le seul dans la Belle Province à avoir ce système, dont les coûts peuvent osciller entre 80 000 $ et 85 000 $. Les clients et fournisseurs de l’entreprise de Granby ont pu voir à l’œuvre la technologie de GOtrack, installée sur un tracteur Kubota. « Ça donne de la souplesse pour faire plus avec moins de monde », a réagi le pomiculteur Robert Lafont, des Vergers St-Paul, à l’issue d’une démonstration. Le produit doit encore faire ses preuves, selon lui. Mais, à moyen et long terme, cela pourrait devenir une option intéressante, estime-t-il. 

Cap sur l’innovation

Les férus de technologie et d’intelligence artificielle ont également pu jeter un œil sur un prototype de drone cueilleur développé par la start-up israélienne Tevel Aerobotics. 

Pour l’heure, le drone que l’entreprise possède est dépourvu de logiciels et Frédéric Lavoie l’a suspendu dans son bureau. 

Les professionnels de l’industrie fruitière ont entre autres pu jeter un œil sur un prototype de drone cueilleur développé par la start-up israélienne Tevel Aerobotics. Photo : Marie-France Létourneau

À défaut de voir ce robot volant en action, des images vidéo étaient néanmoins présentées chez Produce Tech. Et cela a de quoi faire rêver. Le bras cueilleur est coiffé d’une ventouse qui décroche le fruit sélectionné par la caméra. Si ce produit remplit ses promesses, il pourrait entre autres fonctionner sur des heures prolongées, fournir des données de récoltes en temps réel et permettre une cueillette précise des fruits. 

Les vignerons ont pour leur part pu découvrir l’équipement d’UV Boosting. Cette technologie française, dont Produce Tech est un des rares, voire le seul, distributeur au Canada, vise à stimuler la défense naturelle des plantes grâce aux UV-C. 

Frédéric Lavoie affirme que l’équipement novateur, qui se fixe à un tracteur, pourrait être testé par Agriculture Canada et l’Université du Québec en Outaouais. Des projets en ce sens doivent être acceptés. Mais ça augure bien, dit-il. Pour l’heure, l’UV Boosting, qui propose un traitement biologique, suscite la curiosité. Mais l’entrepreneur dit attendre les résultats des tests réalisés en cours d’année avant d’accentuer ses efforts de vente. L’équipement pourrait se détailler autour de 75 000 $, avance-t-il. 

Nouveaux marchés à développer

Au-delà des prototypes et des produits en développement, Produce Tech présentait également des nouveautés prêtes à utiliser lors de ses portes ouvertes. Dans le lot : une plateforme 100 % électrique pour les vergers disposant d’une autonomie de trois à cinq jours, une récolteuse de bleuets à jet d’air pulsé et une récolteuse pour pommes au sol. 

« Chaque fois qu’on a l’opportunité de voir de nouveaux outils, on y va, a lancé le copropriétaire du vignoble et de la cidrerie Coteau Rougemont, Claude Robert, croisé sur place. On n’a pas le choix; il faut s’automatiser et trouver des façons d’être plus efficaces. » 

La clientèle de Produce Tech, pour ses différents produits et services, est principalement située dans l’est du Canada. Mais l’Ouest canadien et le nord-est des États-Unis sont dans la mire de Frédéric Lavoie d’ici trois à cinq ans. 

Produce Tech aimerait par ailleurs avoir un jour un pied à terre en Ontario, ainsi que dans l’État de New York ou du Michigan, ajoute-t-il.

Au cours des dernières années, l’entreprise a enregistré une croissance annuelle moyenne d’environ 25 %. 

En 2023, la vente de machinerie spécialisée a ralenti, mais les trois autres départements (palissage et protection des cultures; atmosphère contrôlée; calibrage et emballage) ont poursuivi leur élan, calcule Frédéric Lavoie.