Bâtiment 23 octobre 2023

Les écoles de rang, un héritage patrimonial mal protégé 

AUTHIER – Seule une poignée d’écoles de rang sont inscrites au Registre du patrimoine culturel du ministère de la Culture et des Communications du Québec, une situation qui préoccupe les gardiens de la mémoire collective et les ténors de la ruralité. 

L’Abitibi-Témiscamingue, l’une des plus jeunes régions du Québec, est ironiquement pionnière dans la conservation des écoles de rang. L’école du rang II, à Authier, est la première à avoir été classée « immeuble patrimonial », en 1982, par le ministère de la Culture. « Ça garantit que le bâtiment est resté comme il était en 1937. Il n’y a pas eu de modifications majeures à sa structure, ce qui en fait un bien patrimonial architectural », fait valoir sa directrice, Rachel Barbe. 

L’endroit est l’une des rares écoles de rang à être inscrites au Registre du patrimoine culturel du Québec. Photo : Émilie Parent-Bouchard

Si elle se réjouit que des « citoyens passionnés d’histoire » aient réussi à rescaper ce bâtiment de l’oubli après qu’il ait servi de hangar agricole pendant plus de 20 ans, elle note cependant que le processus de reconnaissance auprès du ministère est « fastidieux ». « Dans 200 ans, si on n’en prend pas soin, cette histoire n’existera plus. Il faut la conserver, la protéger et investir. Sinon, on va la perdre », soutient celle qui déborde d’idées pour partager le quotidien de l’école de rang, même à l’extérieur des murs du musée.

Robert Tessier, auteur du plus récent ouvrage sur les écoles de rang, souligne qu’il devenait urgent de recueillir les derniers témoignages des personnes qui ont constitué le cœur de cette époque. Il a donc réalisé 70 entrevues avec des maîtresses d’école. Il déplore cependant « l’absence de conscience patrimoniale » dans la stratégie de préservation des bâtiments. « C’est un petit trésor qu’on ne peut plus retrouver aujourd’hui. Si on connaissait plus l’histoire des écoles de rang, son importance, sa saveur, sa vocation identitaire, on serait plus portés à préserver plusieurs de ces bâtiments. Il faudrait agir là-dessus maintenant », soutient-il. 

Comme la plupart des écoles de rang n’ont eu l’électricité que quelques années avant la fin de cette époque, on chauffait au poêle à bois. Les écoles de rang présentaient aussi une vaste fenestration de manière à profiter au maximum de la lumière du jour. Photo : Émilie Parent-Bouchard

Le ministère de la Culture et des Communications précise par courriel qu’un total de 22 écoles de rang sont protégées en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel et que dix autres sont citées par une municipalité. Il précise aussi que « l’ensemble des municipalités régionales de comtés du Québec devront avoir adopté, d’ici avril 2026, un inventaire des immeubles construits avant 1940 et qui présentent une valeur patrimoniale ».