Volailles 3 avril 2024

Projet pilote d’abattoirs à la ferme : lentement mais sûrement, préfère Dominic Lamontagne

Deux ans après son lancement, le projet pilote d’abattoirs de poulets à la ferme avance lentement, une vitesse qui ne dérange aucunement le plus ardent promoteur du concept, Dominic Lamontagne.

« Ça fait 60 ans que c’est interdit au Québec. Ça fait donc mon affaire que ça commence tranquillement parce qu’il faut bien faire les choses et qu’on soit tous sur la même longueur d’onde pour qu’il n’y ait pas de dérapage », indique-t-il. 

Une douzaine d’éleveurs de volailles ­seulement ont reçu l’autorisation en 2023 du MAPAQ de participer au projet pilote, dont bien sûr l’auteur de la Ferme impossible. « Lorsque ça a été annoncé en 2022, avec ma conjointe Amélie Dion, on s’est concentrés cette année-là à élaborer un guide des bonnes pratiques pour s’assurer que les participants puissent avoir un outil qui rendait les choses claires. On veut que les gens travaillent évidemment comme du monde, mais à partir d’une infrastructure qui soit simple, mais hygiénique », poursuit Dominic Lamontagne. 

Les participants au projet pilote, réservé aux élevages de 300 poulets et moins, devaient se conformer à une série d’exigences, dont notamment des inspections concernant le bien-être animal et la qualité des infrastructures de l’abattoir.

Il y avait aussi une visite obligatoire du vétérinaire et un test d’eau. Avant d’abattre, on se devait également d’annoncer au MAPAQ la quantité de volailles, la date et l’heure. L’an passé, les inspecteurs sont venus deux fois voir nos abattages.

Dominic Lamontagne

Dominic Lamontagne estime qu’un système d’abattoir à la ferme nécessitera un investissement de 5 000 à 10 000 $, selon le niveau de débrouillardise du producteur. « L’équipement le plus dispendieux, c’est la plumeuse de poulets qui coûte environ 1 500 $. Le reste, c’est une structure en bois. Mon recouvrement est en polyéthylène et le plancher de mon abattoir est en pierre concassée. On a vraiment essayé de garder les exigences au minimum partout où on a pu », indique-t-il avant d’ajouter que son guide – disponible sur son site ­enpleinegueule.com – contient un descriptif très précis de comment s’installer. 

Changement réglementaire

Si le projet pilote progresse lentement, certaines avancées réjouissent plus que d’autres Dominic Lamontagne, dont notamment une modification intervenue le 28 février dernier au Projet pilote relatif à l’exploitation d’un abattoir de poulets à la ferme. Alors qu’initialement, seuls les poulets entiers et leurs abats pouvaient être vendus, les producteurs autorisés peuvent désormais vendre au détail, sur le site de la ferme ou au marché public, des aliments préparés à partir des poulets abattus à la ferme, ou servir ces aliments sur le site de la ferme lorsqu’ils exercent l’activité de restaurateur.  

Une occasion que ne laissera pas passer l’artisan fermier, qui organisera cet été à sa ferme de Sainte-Lucie-des-Laurentides des tables champêtres où sera servi du poulet qui aura été abattu sur place. Présentés à huit reprises en août, les événements En pleine gueule comprendront notamment un atelier réservé à l’abattage de la volaille. 

« Moi, ce que je veux, ce sont des environnements où les gens peuvent venir sur place et goûter. Pour moi, la ferme, c’est un moteur de la revitalisation des régions. Des fermes qui sont ouvertes au public où les gens peuvent non seulement voir ce qui se passe, mais goûter à ce qui se passe. »

Annoncé par le ministre Lamontagne au printemps 2022, le projet pilote a été prévu pour une période de quatre ans, avec la possibilité de le prolonger une année supplémentaire. « Pour l’instant, il n’y a pas beaucoup de participants, mais ça ne m’étonne pas. De ce que j’entends, il y a beaucoup de producteurs qui se préparent, mais qui attendent de voir ce qui va se passer pour investir. C’est comme en technologie; on appelle ça les early adopters. Nous sommes comme ces premiers consommateurs qui ont acheté un casque de réalité virtuelle. »