Volailles 3 avril 2024

Les Sarkaria : une tradition familiale en aviculture

La production agricole, c’est une affaire de famille chez les Sarkaria. Il y a déjà sept ans que Manjot Sarkaria a démarré la Ferme avicole Rigaud, à Sainte-Justine-de-Newton, en Montérégie-Ouest. Il a délaissé une carrière dans l’industrie hôtelière pour se lancer en aviculture, un domaine qu’il connaissait bien pour avoir grandi à la ferme de production d’œufs fondée par son père, un immigrant de l’Inde qui s’est établi près d’Alma, au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

« Mon père m’a cédé une partie de son quota, ce qui m’a aidé à démarrer l’entreprise », raconte le producteur, qui a acquis une terre près de la frontière entre le Québec et l’Ontario. C’est là qu’il a construit un poulailler équipé de logements aménagés pouvant accueillir jusqu’à 25 000 poules pondeuses. Au démarrage, Manjot Sarkaria a bénéficié du Programme national des jeunes producteurs des Producteurs d’œufs du Canada qui offrait du financement et des conseils stratégiques aux nouveaux entrepreneurs. « Cela m’a permis de démarrer sur de meilleures bases », dit-il.

Actuellement, son poulailler compte près de 22 000 poules blanches. « Pendant un certain temps, on a eu des poules brunes, mais on a abandonné cet élevage. Elles ont la fâcheuse habitude de briser leurs œufs, ce qui entraîne des pertes importantes. Avec les poules blanches, la production est plus stable », explique l’éleveur de volailles.

Il n’est pas le seul Sarkaria à gérer une ferme avicole dans la région. Son frère, Jimmy, s’est aussi installé non loin de là. Une proximité qui comporte plusieurs avantages. « On s’aide pour certaines tâches. Il a un talent pour la mécanique et peut me donner un coup de main au besoin. On s’épaule mutuellement. »

Tandis que Manjot se consacre à l’élevage, sa femme, Arshpreet, s’occupe de l’administration et de la comptabilité. Le couple a deux enfants, Himalaya, cinq ans, et Eshan, bientôt deux ans, qui accompagnent souvent leur père au poulailler.

Une ferme connectée

Bien que le producteur ait choisi d’établir sa ferme au Québec, il réside toujours en Ontario.

On habite tout près de la frontière qui sépare les deux provinces. Le trajet de la maison à la ferme est de 25 minutes environ.

Manjot Sarkaria, Ferme avicole Rigaud

Grâce aux technologies, il est toutefois en mesure de suivre en temps réel tout ce qui se passe au poulailler. « Au moment de la construction, on a décidé d’installer différentes machines afin de surveiller les opérations. Grâce à des systèmes de contrôle, je peux par exemple vérifier la température, l’humidité et la qualité de l’air dans le poulailler directement sur mon cellulaire. La distribution de moulée se fait à l’aide d’un appareil robotisé. On a aussi une emballeuse qui peut gérer 100 caisses à l’heure. Grâce à tous ces outils, je peux faire des ajustements pour obtenir les conditions d’élevage optimales, ce qui contribue au bien-être animal. Le seul inconvénient, c’est que je suis constamment sur mon cellulaire », lance-t-il en riant.

En cas de problème, le producteur peut intervenir rapidement ou demander à son employé de le faire. Depuis deux ans, Manjot Sarkaria embauche un travailleur étranger en provenance du Guatemala qui assure une présence constante à la ferme. La difficulté à trouver une main-d’œuvre locale l’a incité à se tourner vers le recrutement international. « C’était important d’avoir une personne sur place. Le programme de travailleurs étrangers a été la solution pour trouver un employé stable. Les contrats sont d’une durée d’un an », explique-t-il.

Un marché en reprise

Chaque semaine, les quelque 22 000 poules de la ferme produisent plus de 150 000 œufs qui prennent le chemin des Fermes Burnbrae pour être classés et emballés. « Le marché s’est redressé après la pandémie, se réjouit Manjot Sarkaria. La demande a repris avec la réouverture des restaurants, et face à l’inflation, les consommateurs recherchent des produits de qualité aux meilleurs prix. Les œufs représentent le meilleur compromis entre valeur nutritive et coût. »

Manjot Sarkaria a également fait le choix d’élever lui-même ses poules pondeuses pour mieux contrôler l’ensemble du processus de production. Il reçoit des poussins âgés d’un jour qui deviennent des pondeuses après 19 semaines. La gestion de leur alimentation et des conditions d’élevage lui garantit une meilleure qualité de pondeuses plus saines et plus productives, dit-il.