Pommes de terre 27 mars 2024

Des technologies pour réduire les pesticides chez Patate Lac-Saint-Jean

L’été dernier, plusieurs technologies ont été déployées chez Patate Lac-Saint-Jean (PLSJ) pour trouver des moyens de réduire l’usage des pesticides dans la culture de la pomme de terre.

La coopérative collabore avec des chercheurs de l’Institut national de recherche scientifique (INRS) qui visent le développement d’un écosystème ­d’outils numériques, allant des capteurs aux indicateurs de prise de décision, en passant par des caméras spectrales montées sur des drones, afin d’établir avec plus de précision les besoins en produits phytosanitaires.

« On a choisi la ferme Patate Lac-Saint-Jean parce que ce sont des producteurs de semences, et qu’ils sont régis par un cahier de charge assez rigoureux. Ils sont tenus de faire des applications systématiques de produits phytosanitaires pour protéger leur culture. Ils avaient aussi un projet d’irrigation de précision qui s’intégrait bien avec notre projet de recherche », explique Alain N. Rousseau, professeur titulaire au Centre Eau Terre Environnement de l’INRS. 

La réduction de l’utilisation des ­pesticides passe par l’élimination des traitements non justifiés. Pour y arriver, c’est là qu’entre en jeu l’agriculture de précision, qui repose sur la collecte et l’exploitation de données par les producteurs. « C’est ce qui leur permettra d’identifier les zones des champs affectés ou susceptibles de l’être par des maladies, des ravageurs et autres menaces à leur culture. Il leur sera alors plus facile de cibler les zones d’application des produits phytosanitaires », affirme M. Rousseau. 

Première étape : la collecte de données

La plateforme numérique en développement intègre les technologies de l’Internet des objets, des mégadonnées et de l’intelligence artificielle. 

« On a commencé à recueillir différentes données sur quatre ou cinq parcelles pour notamment brosser un portrait du microbiome des champs, explique le chercheur. En parallèle, on a demandé au producteur de nous fournir des données historiques sur, par exemple, les dates des semis, les variétés semées, les pratiques de travail du sol, de fertilisation et de phytoprotection. On intégrera à cette base de données des informations sur les récoltes, les rendements obtenus, la santé des sols, en plus de données météorologiques. »

La base du système de géoréférence pour le drone déployée dans les champs de pommes de terre chez PLSJ.

Les chercheurs ont fait l’acquisition d’un superordinateur qui leur permettra de collecter l’information, de la traiter et de la transmettre au producteur comme un outil d’aide à la décision. « Chaque jour, les producteurs collectent beaucoup d’informations qui se retrouvent sur des feuilles de papier, des fichiers Excel ou autres supports, mais elles ne sont pas valorisées à leur plein potentiel », constate Alain N. Rousseau. 

Alain N. Rousseau, professeur titulaire au Centre Eau Terre Environnement de l’INRS

En utilisant différents outils comme l’intelligence artificielle, il est possible d’exploiter les données pour développer des modèles économiques et des modèles d’analyse de risque liés aux maladies ou aux ravageurs. Grâce à ces modèles, il sera plus facile pour les producteurs d’appliquer les traitements aux bons endroits, au bon moment, avec les bons produits et les bonnes doses.

Alain N. Rousseau, professeur titulaire au Centre Eau Terre Environnement de l’INRS

Une plateforme ouverte

Ce projet est financé par le Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FRQNT) dans le cadre du Programme de recherche en partenariat – Agriculture durable. Il a débuté en 2023 et durera trois ans. 

« La première année a été consacrée à la mise en place de toute l’instrumentation et au développement de l’infrastructure nécessaire pour mener le projet jusqu’au bout. Il est encore trop tôt pour parler des résultats. Notre objectif, c’est de développer une plateforme ouverte qui pourrait bénéficier à d’autres types de production végétale, pas seulement à la pomme de terre », soutient M. Rousseau. Le choix de la culture de la pomme de terre pour amorcer le projet allait toutefois de soi pour les chercheurs. « On a un bon historique de collaboration avec Patate Lac-Saint-Jean, explique-t-il. En même temps, c’est une production qui est exposée à de nombreuses maladies et qui est intensive sur le plan de la phytoprotection. De plus, les producteurs sont ­sensibles aux préoccupations liées à la santé et à l’environnement. »