Pommes 19 janvier 2024

Révision de prix à la baisse pour les producteurs de pommes

Devant l’incapacité des producteurs et des emballeurs à s’entendre sur la façon d’écouler des surplus de pommes, la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) a dû trancher, le 28 décembre, en faveur d’une baisse du prix payé aux producteurs, cet hiver, pour certaines variétés. 

« Que les producteurs et les emballeurs ne s’entendent pas sur les prix et que la Régie ait à intervenir, je ne me souviens pas de la dernière fois que c’est arrivé. En tout cas, moi, c’est la première fois en 12 ans que je vois ça », réagit le président des Producteurs de pommes du Québec, Éric Rochon. Cette situation survient dans un contexte où les deux parties ne parviennent pas à s’entendre, de façon plus générale, sur le renouvellement de leur convention de mise en marché, échue depuis juillet 2022. L’intervention de la Régie sera également nécessaire dans cet autre dossier.

Plus de pommes que prévu

En août dernier, les producteurs et ­l’Association des emballeurs de pommes du Québec avaient convenu d’un prix fixé à 21 $/minot pour les pommes McIntosh, Cortland, Empire et Spartan vendues en sac, en fonction des rendements qui étaient anticipés pour 2023. Finalement, les volumes récoltés durant l’automne ont été plus abondants que prévu, générant d’importants inventaires à écouler en novembre. 

Pour pouvoir offrir aux détaillants des pommes moins chères dans une optique que les consommateurs, ultimement, obtiennent des rabais et achètent plus de fruits, les emballeurs ont demandé à ce que soit revu à la baisse le prix qu’ils payent eux-mêmes aux producteurs. Ils ont réclamé devant la Régie une réduction de 2 $/minot pour les quatre variétés sur une période de trois mois, jusqu’au 31 mars. 

Quant aux producteurs de pommes, ils étaient prêts à concéder une baisse de prix de 1 $/minot jusqu’à la fin janvier, mais favorisaient surtout le déclenchement d’un mécanisme de « promotion ciblée » prévu dans la convention de mise en marché. Ce système fait en sorte que des pommes peuvent être vendues à rabais aux détaillants pour encourager la mise en place de soldes en épicerie, sans affecter le revenu des producteurs, grâce à un fonds qui vient compenser la baisse de prix. Les emballeurs, de leur côté, ne voulaient pas recourir au mécanisme de promotion ciblée. 

La RMAAQ a finalement penché pour une solution à mi-chemin qui intègre des baisses de prix directes aux ­producteurs de 1 $/minot jusqu’au 29 février pour les variétés Empire et Cortland et de 2 $/minot jusqu’au 31 ­janvier pour les McIntosh et les Spartan. Du 1er février au 31 mars, un système de promotion ciblée sera en vigueur pour ces deux dernières variétés.

Pas habituel

M. Rochon précise ne pas être mécontent de la décision puisqu’il était nécessaire, selon lui, de trouver une façon de stimuler les ventes de pommes cet hiver. Il affirme en revanche que la solution préconisée de baisse de prix directe aux producteurs n’est pas habituelle.

Par le passé, pour créer de l’écoulement, on a souvent mis en place des promotions ciblées, mais une baisse drastique carrément du prix payé aux producteurs par rapport à ce qui avait été convenu à l’automne, ce n’est pas ­fréquent.

Éric Rochon, président des Producteurs de pommes du Québec

De son côté, la directrice générale de l’Association des emballeurs de pommes du Québec, Jocelyne Godin, a affirmé que des négociations de prix ont lieu tous les ans. « C’est sûr que la Régie arrive quand il y a un différend ou que les parties ne s’entendent pas, mais c’est dans la normalité. Nous, on va appliquer ce que la Régie a statué », a-t-elle dit, préférant s’abstenir de plus amples commentaires.