Une quantité record de pois abandonnés   

LONGUEUIL – Ce sont finalement plus de 40 % des superficies de pois verts semés pour le transformateur Nortera qui ont été laissés au champ cette saison, principalement en raison des excès d’eau et de chaleur qui ont compliqué les récoltes.

« Ce fut une saison difficile », a résumé le président des Producteurs de légumes de transformation du Québec (PLTQ), Pascal Forest, devant les membres réunis en assemblée générale annuelle, le 12 décembre, à Longueuil. 

Selon des données compilées par son organisation, le contexte météo a aussi nui aux cultures de haricots et de maïs sucré, dont respectivement 18 % et 5 % des superficies n’ont pas été récoltées. 

« Les superficies abandonnées dans le pois dépassent 40 %, un triste record. Une telle situation est problématique pour les producteurs et également pour les transformateurs. Les produits cultivés et laissés au champ, ce n’est pas une situation gagnante pour personne », a affirmé M. Forest.

Le président a aussi déploré une deuxième saison consécutive de difficultés majeures pour les producteurs de concombres de transformation. Alors que les volumes récoltés en 2021 dans cette production s’élevaient à 7 471 tonnes courtes, ils n’ont atteint que 5 223 tonnes courtes en 2022 et 5 164 tonnes courtes en 2023.

« Ce fut une saison difficile », a résumé le président des Producteurs de légumes de transformation du Québec, Pascal Forest, devant les membres réunis en assemblée générale annuelle, le 12 décembre, à Longueuil. Photo : Caroline Morneau/TCN

L’an dernier, rappelons-le, les cultures de concombres avaient été affligées par des virus transmis par les pucerons. Cette année, en plus d’avoir vu leurs rendements considérablement compromis par la météo, les producteurs ont dû conjuguer avec la faillite de l’un de leurs principaux acheteurs, les Aliments Whythe’s, dont l’usine au Québec a finalement été rachetée par des compétiteurs, soit l’entreprise Putter’s.

« Ce fut une année de transition et d’incertitude, mais malgré tout […], nous avons bon espoir que cette acquisition assurera la pérennité de la production », a ajouté Pascal Forest, dans son allocution.

Pour les pois, les haricots et le maïs, l’assemblée a demandé, par voie de résolution, que soit négocié avec Nortera un mécanisme permettant de compenser les refus de prorogation de l’assurance récolte. Car, lorsque ces demandes sont rejetées, les producteurs de légumes de transformation affirment se retrouver sans assurance contre les aléas climatiques, les abandons et les baisses de rendement. Pour les concombres de transformation, l’assemblée a demandé que soit négociée avec l’acheteur une forme de sécurité de paiements qui serait allouée avant le 31 mai chaque année.

Les revenus des producteurs redescendent

Après avoir atteint un niveau record de 40 M$ en 2022, en raison d’importantes hausses de prix négociées avec les acheteurs, les revenus à la ferme des producteurs de pois, de haricots, de maïs et de concombre de transformation sont redescendus à 33 M$ en 2023. 

« On est à peu près au même niveau qu’en 2021. [En 2022], c’était exceptionnel à cause des prix qui étaient exceptionnels. [En 2023], les prix étaient encore là, mais les rendements et les volumes n’ont pas été là », a spécifié la directrice générale des PLTQ, Mélanie Noël.

Des semences de pois datant de 2018

En assemblée, le 2e vice-président des PLTQ, Marc-André Isabelle, s’est avancé au micro pour signaler que des confrères auraient reçu de Nortera des semences de pois datant de 2018. Chaque année, les lots de semences excédentaires fournies par le transformateur, mais payées par les producteurs, sont conservés pour la saison prochaine. Des tests de gémination sont effectués afin de s’assurer que celles-ci ont conservé leur vitalité l’année suivante. « Il faudrait garder les lots de semences pas plus de deux saisons. Des lots de 2018-2019, on tire l’élastique un peu trop », a affirmé M. Isabelle en entrevue. Selon Robert Deschamps, directeur agroindustriel du Québec pour Nortera, les cas rapportés doivent être exceptionnels, car les lots, dit-il, ne sont jamais conservés plus de deux ou trois ans. Il insiste sur le fait que les tests de germination sont efficaces et que les semences de pois ont une durée de vie particulièrement élevée.