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En graves difficultés financières au point d’être incapable de faire ses paiements, un producteur laitier de Chaudière-Appalaches, Guillaume Sylvain, admet voir touché le fond du baril en 2008. C’est une rencontre difficile avec son prêteur de l’époque qui a provoqué le « déclic » nécessaire pour changer progressivement ses pratiques et remettre le bateau à flot.
« Je n’étais pas capable de payer mes comptes, jamais. Je dépensais plus que ce qui rentrait, alors ça n’allait pas. […] J’ai eu l’impression de me mettre à genoux pour que mon institution financière me laisse poursuivre », se souvient le propriétaire de la Ferme Sylvain, à Saint-Michel-de-Bellechasse, dont le quota s’élève à 74 kg de MG/jour.
« Quand je suis sorti de là, je me rappelle avoir dit à mon associé de l’époque et à mon agroéconomiste : ‘‘Là, je me suis mis à genoux, mais c’est la dernière fois que ça arrive.’’ Et c’est là que j’ai commencé à changer des affaires tranquillement pas vite. »
En s’entourant des bonnes personnes pour l’aider, il a beaucoup assaini, au fil des ans, sa gestion des dépenses pour l’alimentation animale, par exemple, et l’acquisition de machinerie (voir l’encadré). Si bien qu’il figure aujourd’hui parmi les fermes les plus performantes accompagnées par le Centre multi-conseils agricoles de Chaudière-Appalaches.
La technicienne en gestion Renée-Claude Roy constate que Guillaume Sylvain est frappé par les taux d’intérêt élevés, comme tous ses confrères, mais que son niveau d’endettement contrôlé lui permet de dégager suffisamment de liquidités pour traverser la crise.
Possible de s’en sortir
Empathique à l’égard des nombreux producteurs éprouvant des difficultés, M. Sylvain souhaite leur dire qu’il est possible de se sortir d’un pétrin financier. Il est conscient, en revanche, que le défi est de taille, dans le contexte économique actuel.
« Moi, mon fond du baril, je l’ai pogné dans une période où les taux d’intérêt étaient en train de baisser, alors c’est clair que ça m’a donné une chance de me replacer. Ce que j’ai vécu en 2008, si je l’avais vécu l’an passé, ç’aurait été pas mal plus difficile », admet-il. En ces temps durs, il suggère à ses collègues de bien s’entourer et de s’ouvrir aux idées des autres.
« On a une partie de notre job qui est très routinière. On a nos habitudes, on a une recette qui va somme toute bien, alors on n’a pas envie de la changer. Ta production est bonne, mais en réalité, ton lait te coûte cher à faire. Moi, c’était ça, avant », raconte le producteur.
« Faire des gros changements tout seul, c’est vraiment tough; tu ne peux pas le faire tout seul, fait-il remarquer. Ce que j’ai envie de dire comme message, c’est de jaser avec les autres producteurs, de jaser avec des intervenants et d’oser essayer des affaires. En ouvrant nos horizons aux idées des autres, des fois, on peut rester surpris du résultat. »
Baisse des coûts d’alimentation et partage de machinerie
La réduction des coûts d’alimentation est un élément qui a fait une différence majeure dans les finances de Guillaume Sylvain. « Dans mon cas, j’étais toujours dans les pires à ce niveau-là, mais j’ai progressé tranquillement », raconte le producteur de Saint-Michel-de-Bellechasse. Il explique avoir, par exemple, troqué les suppléments commerciaux contre des ingrédients simples, tels que le tourteau de soya, qui sont moins coûteux à la tonne. Aussi, il préconise davantage ses propres fourrages. L’agriculteur dit faire beaucoup d’économies, par ailleurs, depuis qu’il s’organise avec des voisins pour le partage d’équipements. « Il y a des équipements auxquels je n’aurais pas accès aujourd’hui si je les avais tous achetés par moi-même. Si j’avais fait les mêmes dépenses tout seul, ces années-là, ça m’aurait peut-être coûté 1,2 M$ au lieu de 700 000 $, et les 500 000 $ de plus, je payerais de l’intérêt dessus aujourd’hui. »