Horticulture 9 février 2024

Un horticulteur maniaque d’économie d’eau

Environ 1,5 million de litres d’eau, voilà ce qu’économise chaque année l’horticulteur Jonathan Dansereau, propriétaire d’un centre jardin en Estrie, pour qui l’autonomie, dont celle en eau, est une valeur cardinale. 

Cette économie, il la réalise grâce à un système d’arrosage de pointe dans lequel il a investi environ 500 000 $ depuis qu’il a acquis l’entreprise, il y a sept ans. Ce centre jardin d’Ayer’s Cliff avait alors 52 ans d’existence. « La première année, on n’a rien changé. On a commencé par regarder ce qu’ils faisaient de bien. Parce qu’après tout ce temps en affaires, il y en avait nécessairement », dit l’entrepreneur détenant une maîtrise en gestion des affaires et qui, déjà à l’âge de neuf ans, possédait sa propre entreprise d’aménagement paysager.

Jonathan Dansereau

Rapidement, après le stade d’observation, les projets se sont accumulés, le plus spectaculaire étant sans aucun doute le système de gestion de l’eau. Jonathan Dansereau a commencé par optimiser les actifs de la propriété, à savoir les deux lacs qui s’y trouvent. Il a modifié la pente du terrain pour leur assurer un meilleur approvisionnement. Le système d’arrosage qu’il a ensuite installé est basé sur des tables d’inondation. « Ça fonctionne pratiquement en circuit fermé, explique-t-il.

L’eau est déversée sur des tables où se trouvent les plants, dans des pots percés en plastique ordinaires. Elle y reste un certain moment, selon les besoins des plantes. C’est géré avec mon téléphone cellulaire. Ensuite, l’eau est évacuée grâce à une petite pente dans la table, puis elle est filtrée. L’eau est récupérée à 98 %.

Jonathan Dansereau, horticulteur

Il précise que le système est doté de 145 zones différentes, ce qui permet de s’ajuster aux besoins des différents types de plants.

Le système a plusieurs avantages à ses yeux. « J’économise les salaires de deux employés qui s’occupaient de l’arrosage, mentionne-t-il. Ensuite, je récupère mes engrais bio, ce que permet ce système. L’arrosage par le bas est aussi meilleur pour la santé des plantes, puisqu’on n’arrose pas les feuilles, ce qui réduit les besoins en pesticides et fongicides. Je n’en utilise pratiquement pas. » 

Finalement, le système a l’avantage d’augmenter la résilience de l’entreprise. « Il y a deux-trois ans, on a eu une période de sécheresse et les cultivateurs ont dû faire venir des camions-citernes, raconte M. Dansereau. Un jour, je pourrais recevoir un appel de la ville nous disant qu’on ne pourra plus arroser et qu’on va utiliser l’eau pour les citoyens plutôt que pour les plantes. Et ce serait compréhensible. »

Depuis l’acquisition de la pépinière, il y a sept ans, l’horticulteur a investi près de 1 M$ dans un système d’arrosage de pointe et dans l’agrandissement des serres de production, notamment grâce à une subvention du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.

Éducation des clients

En plus d’économiser l’eau, l’entrepreneur éduque ses clients sur différents enjeux environnementaux. On trouve sur son site différents panneaux didactiques, portant sur ses tables d’inondation, sur l’importance des bandes riveraines, sur les îlots de chaleur et sur les barils de récupération d’eau. « C’était important pour moi de montrer ce qu’on fait, mais ce que nos clients peuvent faire chez eux également », précise-t-il. Sur chaque panneau, on trouve un code QR qui mène au site de l’entreprise, où l’on trouve plus de documentation.

Après avoir investi en parallèle un autre montant de 500 000 $ pour tripler la surface des serres de production, qui atteint maintenant 24 000 pieds carrés, le propriétaire ne compte pas s’arrêter de si bon chemin. « On veut végétaliser notre stationnement, qui est présentement en gravier, dit-il. Si je n’arrive pas à trouver un moyen satisfaisant, je vais trouver une façon de récupérer l’eau de surface. Il faut qu’on donne l’exemple. »