Horticulture 7 mars 2024

La ferme verticale GoodLeaf allume son soleil rose au Québec

SAINT-HUBERT – Dix-huit mois après le début de la construction, la ferme verticale GoodLeaf de Saint-Hubert, en Montérégie, vient de commencer sa production. Il s’agit, selon l’entreprise, de la plus grande ferme verticale au Canada, ex aequo avec sa jumelle de l’Alberta. La Terre a eu un accès exclusif à ses installations de pointe.

Ces dernières comprennent une salle de croissance des plants d’une hauteur de 40 pieds, communément appelée la grow room. « Il y a 10 niveaux de production pour 100 000 pieds carrés de surface totale de culture », explique Valérie Lavenaire, gestionnaire de la ferme.  

Martin De Rome

Les installations ont une capacité de production annuelle de 1,9 million de livres de verdures (laitues, pousses et verdurettes). « C’est 25 fois plus performant au pied carré qu’une ferme de culture en champ », affirme Martin De Rome, vice-président des opérations.

Depuis sa fondation en Nouvelle-Écosse en 2011, l’entreprise mise sur les innovations technologiques. Parmi celles-ci, le système d’éclairage DEL, développé en partenariat avec GE. Les plants poussent sous des lampes rouges et bleues, qui confèrent un éclairage rose à l’ensemble de la salle de croissance. « C’est plus performant que la lumière solaire, dit M. De Rome. La lumière blanche du soleil est composée de tout un spectre de couleurs et de longueurs d’ondes, dont les plantes n’ont pas toutes besoin pour croître. On n’utilise que le rouge et le bleu pour la croissance, ce qui fait qu’on a moins besoin d’énergie et qu’on réduit nos coûts. »

La production est hautement automatisée. Des tables de culture (bench) contiennent les plateaux chargés de semences. « Ce sont des robots qui déplacent les bench dans la grow room, explique Valérie Lavenaire. Les benchs y entrent comme dans un four à pizza. »

La culture est hydroponique et des engrais sont ajoutés à l’eau. « Nous avons un système très sophistiqué de filtration et l’eau circule pratiquement en circuit fermé, explique Martin De Rome. Avec ce type de production, on a pu utiliser des semences anciennes qui avaient été délaissées, mais dont les qualités gustatives et nutritionnelles sont optimales », précise-t-il.

Les plants sont arrosés par le bas. « Ça évite la propagation des pathogènes, précise le chef d’horticulture, Nicolas Tirard. Comme, en plus, la salle est fermée et que la température et l’humidité sont contrôlées, nous n’avons pas besoin d’insecticides ou de fongicides. »

La ferme embauche 70 employés. « Nous sommes à 30 % de notre capacité de production, mais nous n’aurons pas besoin d’embaucher plus », explique Valérie Lavenaire.

La ferme de Saint-Hubert est la troisième de l’entreprise néo-écossaise, après celle de Guelph, ouverte en 2019, et celle de Calgary, inaugurée en octobre 2023. GoodLeaf produit des pousses de brocolis, de radis, de moutarde, de pois, etc., de même que des feuilles de romaine, de betteraves, de roquette, d’épinards et d’autres verdures s’apparentant à du mesclun.

Pour le moment, les installations québécoises comptent deux clients, soit Sobeys (IGA) et Metro. On planifie également approcher les chaînes de restauration rapide.

Les premiers produits ont été livrés aux clients le 12 février. Photo : Gracieuseté de GoodLeaf

Y a-t-il d’autres constructions en vue? « On va commencer par s’assurer de produire à pleine capacité. Pour le moment, la construction d’autres usines au Canada n’est pas envisagée, souligne Martin De Rome. Mais tout va dépendre de la réaction du marché de la restauration. »


Le chemin des tables de culture :

Inspiration japonaise

Tout a commencé par un voyage au Japon du fondateur, Gregg Curwin, il y a plusieurs années. « Il y a découvert ce type de production intérieure. Ils ont très peu d’espace et presque pas de terres arables là-bas. Ils ont vraiment optimisé cette production, raconte Martin De Rome. Le fondateur a eu une vision d’aider les Canadiens vers la souveraineté alimentaire, en ne dépendant plus des importations en hiver, surtout que le transport est polluant et que les produits comme les laitues arrivent défraichis. »

Après deux ans de recherches, l’entreprise a commencé par une ferme d’essai en Nouvelle-Écosse, pour ensuite s’implanter en Ontario, puis en Alberta et au Québec, où les fermes ont une taille trois fois plus importante que celle de la ferme ontarienne. « Les installations de Nouvelle-Écosse sont devenues, depuis, notre centre de recherche », explique M. De Rome.