Horticulture 12 janvier 2024

Des fleurs coupées cultivées en serre pour faire du bien même en hiver

Maggie Beaulieu-Pelletier et Skot Morgan, les producteurs de fleurs derrière la Ferme Pastel, à Grand-Métis, dans le Bas-Saint-Laurent, viennent de franchir un jalon dans l’histoire de leur jeune ferme, un jalon qui pourrait, si tout se passe bien, marquer aussi un tournant dans l’offre de fleurs coupées au Québec. Le couple vient en effet de se lancer dans la production hivernale de fleurs coupées. 

En affaires depuis cinq ans, les amoureux, qui se sont rencontrés il y a dix ans dans une ferme en Colombie-Britannique, cherchaient à augmenter leur volume de ventes.

Je viens du milieu agricole – mes parents sont en grande culture bio – et j’en ai vu, du monde rusher. Pour moi, il n’était pas question de vivre comme la plupart des agriculteurs au Québec : pas de temps pis pas d’argent. Nous, on s’est dit qu’on voulait générer 70 000 $ de revenus en sept ans. Sinon, on fermait. On voulait être capables de vivre de notre ferme dignement.

Maggie Beaulieu-Pelletier

La solution? « Il y en a qui peuvent vendre des bouquets à 75 $ à Westmount et Outremont. Mais des millionnaires à Rimouski, il n’y en a pas tant! lance-t-elle.  On s’est dit qu’il fallait générer des revenus en hiver. » 

Mais qui dit production hivernale dit aussi production en serre et… chauffage. Déjà propriétaires de deux serres, qui leur permettaient d’étendre légèrement leur saison de production, ils cherchaient le moyen optimal de les chauffer suffisamment pour une production hivernale. « Mon chum, il tenait à avoir un impact élevé au niveau des pratiques environnementales, dit l’agricultrice. On a opté pour la biomasse, avec des résidus de bois en copeaux. » 

Coût des installations : 180 000 $. Grâce à deux subventions du gouvernement québécois, l’une du ministère de l’Agriculture et l’autre du ministère de l’Environnement, ils sont parvenus à récolter 110 000 $, auxquels ils ont ajouté 60 000 $ en emprunts. Il ne manquait plus que 10 000 $. Pour les trouver, ils ont opté pour une campagne de sociofinancement sur la plateforme La Ruche. La campagne s’est achevée au début de janvier 2024 avec un franc succès, la totalité de la somme ayant été récoltée. « Comme contreparties pour nos contributeurs, on a vendu des bouquets à l’avance, offert entre autres des expériences uniques à la ferme et des t-shirts, raconte Maggie. Il faut dire qu’on a une communauté très engagée qu’on nourrit beaucoup, avec une infolettre, des réseaux sociaux, etc. »

Les serres serviront d’abord à produire des tulipes pour les bouquets du printemps, une industrie déjà établie au Québec. Mais les fondateurs de la Ferme Pastel voient bien plus loin.  « Nous allons mener des recherches sur des fleurs qui ont besoin d’un minimum d’ensoleillement, comme les renoncules, les matricaires, les delphiniums, les eucalyptus ou les digitales. Ce serait totalement nouveau d’offrir ces fleurs locales sur le marché québécois en hiver », mentionne la productrice.

Grâce aux subventions, le couple a déjà pu faire installer son système de chauffage à la biomasse, qui est en activité depuis le 20 décembre. Si tout se passe bien, ils récolteront leurs premières fleurs peu avant Pâques. « Mais ça se pourrait qu’on en ait même à temps pour la Saint-Valentin », dit la maman de deux petites filles, de 2 et 4 ans. On n’attend rien de moins de la part d’un projet né d’un coup de foudre…