Cultures émergentes 26 septembre 2023

Une étude révèle que les cultures émergentes en serres seraient déficitaires

Une nouvelle étude du Centre de recherche agroalimentaire de Mirabel (CRAM) révèle que plusieurs des cultures émergentes en serres seraient déficitaires. 

Geneviève Labrie

Le CRAM a étudié 14 cultures encore marginales (voir l’encadré), dont les aubergines, les oignons verts, les haricots, les céleris, et ce, en serres non chauffées ou semi-chauffées durant l’été, l’automne et l’hiver. « Nous voulions connaître les cultures qui ont le plus grand potentiel et avec quelles méthodes, explique la chercheuse Geneviève Labrie. Il s’agit d’une étude d’observation où l’on analysait la croissance, les différentes pratiques de cultures, la résistance aux maladies et aux ravageurs et le rendement en fonction des coûts de production (chauffage, main-d’œuvre, etc.). »

L’étude s’est déroulée de 2021 à mars 2023, auprès d’agriculteurs en production diversifiée dans des serres de polythène. Trois producteurs par culture ont été visités.  

Conclusion? Seules deux des cultures étudiées n’étaient pas déficitaires : le céleri et l’aubergine. « L’aubergine, c’est en fait une variété précise, la Angela, qui était particulièrement rentable, souligne Mme Labrie. Mais on n’avait qu’un seul producteur dans ce cas. Alors est-ce que c’était ses pratiques ou la variété qui a eu un impact? Il faudra étudier ça en environnement contrôlé. »

Quant au céleri, il présente deux avantages particuliers, selon elle.

[Le céleri] peut être produit avec peu ou pas de chauffage. On peut aussi le récolter branche par branche, durant 137 jours, en conservant le même pied.

Geneviève Labrie

La recherche a aussi démontré que d’autres cultures pourraient aussi être rentables avec quelques ajustements dans les méthodes de production, soit la courgette, le kale et la rabiole. 

Les résultats obtenus permettront au CRAM d’orienter ses futures recherches, pour se concentrer sur les cultures les plus prometteuses et déterminer les meilleures pratiques en matière de rentabilité. « Cet automne, nous avons amorcé des suivis pour la rabiole et l’oignon vert, pour des essais de variété, des taux de semis et des dates de semis », dit la chercheuse.

Mme Labrie précise que certains agriculteurs ayant démarré leur production il y a longtemps et dont le coût d’emprunt est faible ou ceux qui ont un coût de chauffage bas pourraient trouver la voie de la rentabilité. « Mais on peut dire en gros que si quelqu’un démarrait ces productions maintenant, ce ne serait pas rentable », fait-elle remarquer. Elle ajoute toutefois que malgré une faible rentabilité, plusieurs facteurs peuvent motiver un producteur à ajouter un légume à sa production. « Avoir de la variété, c’est apprécié de la part des clients », dit-elle.

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Cultures étudiées 

Été : haricot, aubergine, courgette, céleri, fraise et melon. 

Automne-hiver : céleri, kale, bette à carde, oignon vert, rabiole, persil, laitue sucrine et mesclun de crucifères.  

Des fiches analytiques

Le centre de recherche publiera des fiches analytiques avec le bilan des observations pour les productions de céleris, d’aubergines, de courgettes, de kales, de rabioles et d’oignons verts à la mi-novembre.  On y trouvera les données récoltées pour chacune de ces productions. « Chaque producteur pourra comparer les pratiques, les coûts et le rendement en fonction de sa réalité », explique la chercheuse Geneviève Labrie, qui présentera d’ailleurs les résultats de l’étude, le 14 novembre, lors du Colloque maraîcher en serre.