Cultures émergentes 20 novembre 2023

Les cueilleurs d’algues sauvages bientôt convoqués pour une étude sur la ressource

Déplorant la réglementation trop stricte appliquée par Pêches et Océans Canada (MPO) en matière de cueillette d’algues sauvages au Québec, le pêcheur Antoine Nicolas, de l’entreprise Océan de Saveurs, a menacé, en septembre, de délocaliser sa cueillette au Nouveau-Brunswick si rien ne changeait. Or, le gouvernement semble avoir entendu son message.

Antoine Nicolas plonge en Gaspésie pour récolter des algues comestibles.

Antoine Nicolas venait de recevoir une confirmation du MPO qu’une rencontre aurait lieu, lorsque La Terre l’a joint par téléphone, le 10 novembre.

À l’initiative du bureau du Bas-Saint-Laurent du MPO, une rencontre a été convoquée avec la direction de Québec. Ils ont conclu qu’ils ne connaissent pas la ressource; ils en sont conscients. On vient de me confirmer qu’il y aura une rencontre en février, à laquelle seront conviés les acteurs de la filière, des chercheurs et des experts.

Antoine Nicolas

Sorti dans les médias, en septembre, pour dénoncer les règles de cueillette trop strictes interdisant tout arrachage des algues, qui ont mené l’une de ses cueilleuses à recevoir une amende, Antoine Nicolas affirmait ne plus pouvoir cueillir dans ces conditions. Pour la fin de la saison, il a préféré acheter des algues cueillies au Nouveau-Brunswick plutôt que de risquer de faire sa cueillette d’automne au Québec.

« Parfois, les algues s’arrachent accidentellement. On a demandé une marge d’arrachage de 10 % et ça nous a été refusé. Avec 0 % d’arrachage, ce n’est pas réaliste. Les dernières études sur les algues datent de 1970. Aujourd’hui, Pêches et Océans reconnaît qu’il faut en faire d’autres. J’ai bien confiance que ça mènera à des modifications à la réglementation d’ici 2025 », a souligné M. Nicolas.

Mathieu Pellerin, agent régional principal du MPO, a invoqué, en entrevue, le principe de précaution pour expliquer la position du gouvernement dans cette affaire. « Les bancs d’algues représentent des zones refuges et d’alimentation hyper importantes pour les oiseaux et pour plusieurs espèces de poissons qui sont aussi pêchées commercialement, et dont on fait la gestion au ministère. Dans un contexte où on n’a pas beaucoup d’informations scientifiques sur la biomasse des algues, et compte tenu de l’importance que ça a pour l’écosystème, notre approche, c’est d’être prudents. »

Onze permis de récolte d’algues délivrés en vertu de la Loi sur les pêches sont en vigueur en ce moment au Québec, dont certains concernent la cueillette d’algues comestibles, et d’autres, la cueillette ­d’algues destinées aux engrais.