Acériculture 19 avril 2024

Une incroyable récolte de sirop, en quantité et en qualité

Les cinq acériculteurs que La Terre suit depuis le début de la saison se frottent les mains devant tous les barils qu’ils ont remplis. La saison des sucres 2024 pourrait devenir une nouvelle référence de tous les temps, autant en matière de volumes produits que de qualité du sirop d’érable.


Gracieuseté de Vincent Perron

Vincent Perron, Montérégie
Nombre d’entailles : 38 000
Fin de l’entaillage : 8 février
Première évaporation : 13 février
Dernière évaporation : 12 avril
Objectif de rendement : 5 lb/entaille
Rendement final : 5,4 lb/entaille

« La saison s’est terminée le 12 avril. Aujourd’hui, on est sur le désentaillage », rapporte d’emblée Vincent Perron, lors de l’entrevue du 17 avril. « Tout a bien été, mais à la fin, l’eau avait beaucoup moins de sucre. Elle était à environ 1 °Brix. Ça paraissait quand on séparait; il en restait beaucoup moins », exprime le copropriétaire de l’Érablière Olivier et Vincent Perron. Une panne d’électricité majeure a failli lui faire manquer l’une des dernières coulées. « On a eu une grosse neige plottante et on a manqué d’électricité pendant 12 heures. On était sur le bord de sortir les génératrices. Hydro a remis le courant au même moment que ça commençait à couler, un timing parfait! » raconte-t-il. Cette neige lui a offert un volume d’eau considérable pour terminer la saison. « Écoute, c’était presque un gallon et demi à l’entaille. Très intéressant », commente le producteur. Il a terminé avec une moyenne de 5,4 livres à l’entaille pour ses trois sites, ex æquo avec son record de 2021. Ayant enregistré des gelées plus soutenues, son érablière située en montagne a offert le meilleur rendement avec 6 lb à l’entaille. « C’est une super de bonne année, mais quand même longue. On a commencé le 13 février et fini le 12 avril, avec pas beaucoup de breaks. »


Gracieuseté de Steve Paris

Steve Paris, Mauricie
Nombre d’entailles : 25 000
Fin de l’entaillage : 27 février 
Première évaporation : 13 février 
Dernière évaporation : 13 avril
Objectif de rendement : 4,25 lb/entaille
Rendement final : 6 lb/entaille

« On a terminé le 13 avril parce qu’on n’avait plus de barils. On aurait pu bouillir une journée de plus, mais l’eau s’était dégradée les derniers jours et le sirop était rendu amer, pas un goût de bourgeon, mais très amer », détaille Steve Paris. Quelques producteurs de son secteur de Lac-aux-Sables ont toutefois pu étirer la saison et ont continué de bouillir, précise le propriétaire de l’Érablière Mont Sucre. L’acériculteur se demande jusqu’où ses rendements se seraient rendus s’il avait poursuivi, mais chose certaine, ses 6 lb à l’entaille représentent déjà un record de tous les temps pour lui. « Le plus haut où on avait été, c’est 5,5 lb à l’entaille. On ne pensait jamais se rendre à 6 cette année et manquer de barils. J’en avais acheté en cours de saison et j’en ai manqué quand même. C’est une saison record sur tous les aspects, dont la qualité, car on a fait 5,5 lb sans défaut de saveur. On en a même canné quatre jours avant de mettre fin à la saison. C’est quand même exceptionnel », constate-t-il.


Gracieuseté de Émilie Blondeau

Émilie Blondeau, Estrie
Nombre d’entailles : 4 500 entailles
Fin de l’entaillage : 20 février
Première évaporation : 15 février
Dernière évaporation : 17 avril
Objectif de rendement : 3,29 lb/entaille
Rendement final: 4,55 lb/entaille

Émilie Blondeau avait la voix ternie par une vilaine grippe lors de son entrevue avec La Terre, le 17 avril. Son évaporateur aussi commençait à être grippé, produisant un sirop filant. « Je pense que c’est ce soir que je vais abandonner », confie la propriétaire de l’Érablière Shackham, à Ham-Sud. C’est que son évaporateur a trop de capacité pour le volume d’eau qu’elle récolte. Il aurait fallu qu’elle accumule l’eau pendant au moins deux jours pour qu’elle puisse se servir de l’évaporateur efficacement, mais les températures plus chaudes ont rendu difficile la conservation de l’eau d’érable pendant plus d’une journée. Elle devait tout laver et assainir, mais l’eau qu’elle ajoutait contaminait rapidement ses équipements. « Ça fait deux jours que c’est contre-productif, mon affaire. Je crois que c’est de l’acharnement et qu’il va falloir closer. » Son rendement nettement au-dessus de son objectif se révèle bienvenu pour sa première année et l’incitera, dit-elle, à se fixer des objectifs plus ambitieux l’an prochain.


Gracieuseté de Roberto Landry

Roberto Landry, Bas-Saint-Laurent 
Nombre d’entailles : 48 000
Fin de l’entaillage : 15 février
Première évaporation : 27 février
Rendement en date du 17 avril :  4,6 lb/entaille
Objectif de rendement : 5 lb/entaille

« On s’approche des 5 lb à l’entaille et j’ai des producteurs dans mon secteur qui ont 6 lb à l’entaille. Je n’ai pas peur de le dire, et vous pouvez écrire ça dans le journal : 2024 va être une année exceptionnelle en qualité et en quantité », dit Roberto Landry. Les érables coulaient toujours à plein régime dans son secteur de Biencourt. « On fait 10 à 13 barils par jour. On va se rapprocher des 5,5 lb à l’entaille », mentionne le propriétaire de l’Érablière B.L.P. Son record est de 5,3 lb à l’entaille en 2017, compare-t-il. Bonne nouvelle, la météo lui semble favorable. « Il nous annonce une belle gelée pour se rendre jusqu’à la fin avril. Donc pas d’inquiétude. Est-ce que ça va continuer encore en mai? Ça se pourrait… On verra au jour le jour. » Il mentionne une période d’abondance particulière, du 7 au 14 avril, dans l’un de ses secteurs de 8 500 entailles. « On a sorti au-dessus de 22 000 gallons d’eau en 7 jours. Ça commence à faire de bonnes coulées! »  


Gracieuseté de Serge Valiquette

Serge Valiquette, Laurentides
Nombre d’entailles : 30 000
Fin de l’entaillage : 15 février
Première évaporation : 28 février
Dernière évaporation : 8 avril
Rendement final : 4,5 lb/entaille
Objectif de rendement : 4 lb/entaille

« Les opérations ont cessé le lundi 8 avril. Les coulées diminuaient. Il y a même des érables qui ne donnaient plus rien. C’était beaucoup de trouble de ramasser de l’eau pendant deux jours pour faire un baril avec 20 000 entailles », exprime Serge Valiquette, de Kiamika, près de Mont-Laurier. Le propriétaire de l’Érablière du chevreuil signale que l’eau était de moins en moins sucrée, passant de 2 à 1 °Brix lors de la dernière semaine. Par contre, le sirop n’avait pas de goût de bourgeon. « On commençait juste à percevoir une petite odeur de sève, mais c’est tout. On faisait encore un bon sirop doré, même à la fin », relève-t-il. Son rendement final de 4,5 lb à l’entaille demeure un record pour lui. « Ça coulait dans tous mes secteurs de l’érablière. Même mes places froides ont coulé pas mal plus que d’habitude! »