Vie rurale 31 juillet 2023

L’histoire d’une famille d’agriculteurs au cœur d’une pièce de théâtre

L’autrice et comédienne Stéphanie Labbé a choisi de camper au cœur même d’une famille agricole l’action de sa pièce Et puis par la fenêtre nous pourrons voir les champs, présentée jusqu’au 12 août prochain dans le tout nouveau Théâtre du Bic, fraîchement rénové, à Rimouski.

Mettant en vedette Henri Chassé, Danielle Proulx, Marie-Hélène Gendreau, Nicolas Gendron, Stéphanie Labbé et Michel-Maxime Legault, l’histoire nous transporte au sein d’une famille où les trois enfants sont confrontés à la délicate question de la transmission de la terre alors qu’ils réalisent que leurs parents ne seront pas éternels.

« Il y a peu de pièces de théâtre qui se situent dans le milieu de l’agriculture et où l’on parle des problématiques typiquement reliées aux agriculteurs », constate l’autrice de la pièce, Stéphanie Labbé, qui est elle-même très proche du monde agricole.

« Mon arrière-grand-père paternel était agriculteur; les parents de ma mère avaient une ferme de subsistance dans Charlevoix et toute mon adolescence, j’ai travaillé chez mon oncle, Vital Gagnon, et ma tante, Lucie Cadieux, qui étaient producteurs d’agneaux aux Éboulements », raconte la comédienne native de Montréal. On parlait beaucoup de politique agricole autour de la table, dit-elle.

Stéphanie, qui a travaillé dans un abattoir industriel dans l’Ouest canadien, a aussi fait de la boucherie à la ferme charlevoisienne. « On descendait les gigots, je grattais les os des carrés d’agneau; je faisais de la saucisse, de la merguez qu’on vendait au kiosque », se souvient la comédienne. Sa cousine Gabrielle Cadieux-Gagnon a repris la Ferme Éboulmontaise, mais sa tante Lucie travaille toujours comme conseillère en gestion agricole.

Des enjeux liés à l’avenir de la ferme font partie des discussions au sein de la cellule familiale. Photo : © Yvan Couillard 

Une fiction

Bien qu’elle ait voulu rendre hommage à sa famille, Stéphanie insiste sur le fait que sa pièce est avant tout une fiction. C’est plutôt une expérience personnelle, sa « petite fin du monde » comme elle dit pour décrire ce moment de sa vie, et sa perception du monde agricole, qui ont inspiré son écriture. « Quand tu pars de l’intime, je pense que c’est là que tu écris quelque chose d’universel », dit-elle. 

La question du legs de la ferme et les différences de perception entre les générations, par exemple, alimentent les discussions entre les personnages. Chacun est animé par ses idéaux, ce qui peut faire jaillir des flammèches entre les parents et les enfants, mais aussi entre Jean-Philippe, le fils qui veut changer le monde, Élisabeth, la scientifique féministe, Zoé, dont la progéniture grandit d’année en année, et Mo, le chum du frère. La taille des entreprises agricole et la transition vers le biologique sont aussi des sujets observés à travers la lorgnette de la fratrie. 

Pour Stéphanie Labbé, les agriculteurs sont des gens passionnés qui ne comptent pas leurs heures, et c’est ce qu’elle a voulu faire ressortir à travers cette épopée familiale. Même si parfois les esprits s’échauffent, la pièce révèle de façon admirable une grande histoire d’amour au sein d’une famille d’agriculteurs. 

Et puis par la fenêtre nous pourrons voir les champs se démarque de bien des façons, par la justesse du jeu des comédiennes et comédiens, mais aussi par la mise en scène de Gabrielle Lessard. Pour information : theatredubic.com.