Transformation 17 novembre 2023

Une première usine de transformation du soya en Abitibi-Témiscamingue

LORRAINVILLE – Une première usine de transformation de soya a vu le jour en Abitibi-Témiscamingue cette année. La Terre a pu la visiter alors qu’étaient réalisées les dernières analyses de tourteau de cette nouvelle infrastructure de Lorrainville. En se dotant d’un four et d’une presse à huile de soya, l’entreprise Grains Nord-Ouest espère couper dans les frais de transport des producteurs de la région en plus de fournir des ­éleveurs à proximité.

Jérôme Desjardins

Jérôme Desjardins a toujours eu des ambitions de transformation. Arrivé au Témiscamingue en 2004, en raison du prix abordable des terres agricoles, il s’est d’abord lancé dans l’engraissement d’agneaux. La fermeture de l’abattoir de Lorrainville l’a toutefois forcé à réorienter ses activités autour des grandes cultures.

Puis, toujours porté par l’idée de la transformation et soucieux de diversifier son entreprise dans un secteur d’activités où les marges sont faibles et peuvent varier grandement d’une année à l’autre, il a démarré un centre de grains à Lorrainville.

« Je visais plus la transformation », dit l’homme d’affaires, qui s’est départi d’une partie de ses 809 hectares (2 000 acres) en grandes cultures pour financer cet investissement.

D’une idée à l’autre, en allant visiter ce qui se faisait ailleurs, on a été capables de dire qu’un projet de tourteau de soya, c’était faisable. On produit le soya ici, alors autant le consommer ici.

Jérôme Desjardins

D’une capacité de traitement de 10 à 12 tonnes de soya par jour, l’usine imaginée par Jérôme Desjardins peut fonctionner en continu 24 heures sur 24, sept jours sur sept. La production, de sept à huit tonnes de tourteau par jour, fournit majoritairement les maternités porcines des Fermes boréales, implantées au Témiscamingue au cours de la dernière décennie.

Pour réduire les coûts de transport

« Ça se peut qu’il me reste un peu de surplus qu’on va essayer [d’écouler] dans le laitier – même si ce ne sont pas les mêmes degrés de cuisson pour le soya. Il y a une plus-value. On [sépare] l’équivalent du transport en deux. Au lieu de payer 55 ou 60 dollars de transport par tonne, [les producteurs] tombent à 25. Ça leur donne quand même une trentaine de piasses de plus la tonne pour la production », évalue-t-il. 

Quant à l’huile de soya, elle sera, dans un premier temps, vendue à des acheteurs industriels, qui vont ensuite la filtrer pour soit l’intégrer à de la moulée pour les animaux ou soit l’utiliser pour la préparation de plats préparés destinés à la consommation humaine, poursuit l’entrepreneur. « J’ai des projets de développement pour finir l’huile ici, mais on va commencer par rouler l’usine et après, on verra aux autres projets », souligne-t-il. 

Le président régional de l’Union des producteurs agricoles (UPA) salue cette initiative. « Plus on fait de transformation chez nous, plus il y a d’argent qui va rester chez nous. On va alimenter la filière et on va ­arrêter de faire du transport avec nos ­produits », fait valoir Pascal Rheault, qui encourage d’autres ­producteurs à suivre le bal. 

Jérôme Desjardins ajoute que « cela fait des années qu’on fait de la céréale et qu’on l’envoie dans le sud sans se poser de questions ». « On est capables de faire plus, ­d’aller chercher un peu plus en faisant de la transformation. [Le but, c’est de faire] des circuits courts, d’être capable de s’autosuffire et de consommer en région ce qui se fait en région au lieu d’avoir beaucoup de transport, surtout que les coûts de transport sont très élevés », conclut-il.