Syndicalisme 23 mai 2024

30 % des fermes en mauvaise situation financière, selon un sondage de l’UPA

QUÉBEC – Près de 30 % des fermes du Québec disent être en mauvaise ou très mauvaise situation financière, selon un sondage de l’Union des producteurs agricoles (UPA) mené auprès de 3 552 répondants, toutes régions et tous secteurs de production confondus.

« La crise agricole qu’on vit s’amplifie », a affirmé le président de l’UPA, Martin Caron, lors d’un point de presse tenu à Québec, le 23 mai. À pareille date, l’an dernier, c’était 20 % des entreprises qui se disaient en difficulté, dans un précédent sondage qu’avait fait son organisation, rappelle-t-il.

Les détails du sondage de 2024 réalisé le mois passé ont d’abord été présentés aux producteurs qui ont tenu une grande rencontre aujourd’hui pour faire le point sur la situation en agriculture. L’événement faisait suite à la série de manifestations tenues dans les différentes régions de la province, ces derniers mois.

Parmi les autres faits saillants du sondage, 42 % des répondants ont signalé avoir un solde résiduel négatif. C’est donc dire que ces entreprises sont dans le rouge, ne disposant pas suffisamment de liquidités pour s’acquitter de tous leurs paiements.

« Ce chiffre-là fait mal », a fait valoir la cheffe des affaires économiques de l’UPA, Isabelle Bouffard, durant sa présentation des statistiques. « Ça veut dire que, dans la dernière année, il y a 4 entreprises sur 10 qui ont travaillé en perdant de l’argent », a-t-elle illustré. À titre comparatif, 34 % des fermes s’étaient dites dans cette situation, en 2023.

On explique entre autres les difficultés financières que connaissent certaines fermes par la hausse des taux d’intérêt, des coûts de transport ou encore de la main-d’œuvre.

« Je n’ai pas choisi l’agriculture pour l’incertitude qu’on vit aujourd’hui, a pour sa part souligné le président de la Fédération de la relève agricole du Québec, David Beauvais. Ce n’est pas ma première année d’implication, mais c’est la première fois que j’entends des relèves dire qu’ils n’aspirent plus transférer à leurs enfants ».

En point de presse, le président de l’UPA, Martin Caron, a affirmé qu’il s’attendait à « des gestes concrets du gouvernement » dès maintenant. Photo : Caroline Morneau/TCN

Une rencontre avec le premier ministre le 3 juin

« À partir de maintenant, on attend des gestes concrets du gouvernement », a martelé Martin Caron, qui rencontrera d’ailleurs le premier ministre, François Legault, le 3 juin. « On attend des choses écrites. On s’attend vraiment à ce qu’il y ait de l’avancement dans nos demandes à partir de là. »

Rappelons que l’UPA réclame entre autres ce qu’elle appelle un « bouclier financier », soit une aide de 300 M$ pour faire face à la hausse des taux d’intérêt. L’organisation espère aussi que les contributions des fermes au Fonds d’électrification et de changements climatiques, par l’entremise de la tarification carbone, soient retournées à l’agriculture. 

« Moi, j’ai hâte qu’on parle d’agriculture parce que c’est un projet de société et non pas parce qu’on est en crise », a conclu Martin Caron.


Ce qu’ils ont dit

Ça fait dix mois que je me bats. Je reçois des téléphones à tous les jours de producteurs qui ont de la misère à payer leurs affaires. Hey, c’est assez le niaisage!

Catherine Lefebvre, présidente de l’Association des producteurs maraîchers du Québec

Ce n’est pas normal que l’agriculture nourrisse tout le monde, sauf elle-même. Dans un projet de société, ça n’arriverait pas.

André Roy, président du Syndicat des producteurs forestiers du sud du Québec

On veut sentir une volonté politique de pérenniser l’agriculture, peu importe le domaine dans lequel elle évolue, peu importe les gens qui la portent. Surtout, on ne veut pas une politique bioalimentaire qui va encourager le producteur, on veut une politique qui va encourager le déplacement des achats de produits importés vers les produits québécois.

Florence Lefebvre St-Arnaud, copropriétaire des Jardins Bio Campanipol