Phytoprotection 1 septembre 2023

La rugose de la tomate : plus de ravages que prévu

En voyant les résultats préliminaires de l’étude qu’elle mène présentement sur la rugose de la tomate, Caroline Provost, chercheuse au Centre de recherche agroalimentaire de Mirabel (CRAM), a été bien étonnée. « C’est de 15 à 20 % des productions analysées qui sont affectées, dit-elle. On s’attendait à ce que ce soit autour de 5 %. »

Caroline Provost. Photo : Gracieuseté du CRAM

Le virus du fruit rugueux brun de la tomate, qui peut faire bien des ravages dans les productions en serre, a été observé pour la première fois au Québec en 2020. Il fait l’objet depuis cette année d’une recherche financée par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

C’est de 15 à 20 % des productions analysées qui sont affectées.

Caroline Provost

La première partie de cette recherche, en 2023, consiste notamment à déterminer la prévalence de la maladie. Sur les 260 fermes produisant en serre au Québec, l’organisation a reçu des échantillons de 35 productions, tous envoyés de manière anonyme, comme prévu par le centre de recherche. La première étape s’est déroulée au moment de la transplantation des pousses. La seconde, en juillet, en période de croissance, et la dernière se fera vers la fin de saison, en septembre. 

Une autre surprise a été de constater que plusieurs tests étaient positifs, même à la première étape.

 Ça signifie que les semences elles-mêmes étaient contaminées, donc que ceux qui ont acheté des semences n’ont pas demandé à leur fournisseur si elles avaient été traitées à l’eau de javel, comme il est recommandé. C’est de base.

Caroline Provost

Alerté par ces résultats, au printemps, le CRAM a produit, avec le MAPAQ, un feuillet informatif pour les producteurs.

Un autre constat a surpris la chercheuse, soit le fait que ce ne sont pas uniquement les grands producteurs qui ont été touchés, mais également les petits producteurs maraîchers diversifiés. 

La prochaine étape consiste à analyser quelles sont les techniques de production les plus à risque pour le développement et la propagation de la maladie. Avec d’autres partenaires, notamment de l’Ontario, le CRAM est aussi à évaluer les différentes solutions possibles à large échelle. « Y a-t-il des variétés de tomates plus résistantes? Est-ce qu’on peut donner des biostimulants pour aider les plants à résister aux virus ou encore donner une sorte de vaccin? énumère Mme Provost. Mais on a un enjeu pour savoir quoi faire pour les sols contaminés dans les cultures en pleine terre… »

Un premier rapport sera publié en janvier.

Comestibles avant symptômes

La présence de la rugose ne rend pas la production impropre à la consommation. « Les tomates seront toujours comestibles si les symptômes ne se sont pas manifestés », explique la chercheuse Caroline Provost.

Si le virus est présent dans les serres, il y a des techniques à préconiser. « Il faut commencer la récolte par les zones qui n’ont pas été touchées, ­précise-t-elle. Et on peut isoler une partie de la serre. »

Elle explique que pour que les symptômes du virus se manifestent et abîment le fruit, il doit y avoir présence d’un stress comme une forte variation de température. « Cela dit, les plants qui sont atteints du virus vont de toute manière produire moins et moins longtemps, dit-elle. On peut tougher un certain temps sans que la production soit affectée, mais dès que c’est répandu à grande échelle, il faut cesser la production et tout ­nettoyer. »