Météo 15 février 2024

Des tracteurs qui ne sont pas sortis souvent pour le déneigement

Des producteurs agricoles de différentes régions du Québec offrant des services de déneigement s’étonnaient, à la mi-février, du peu de fois où ils avaient eu à sortir leur tracteur pour aller déblayer des entrées durant la première portion de l’hiver.

« C’est vraiment tranquille. On voit les champs partout », a témoigné Nathalie Tanguay, le 13 février. Cette dernière gère, avec son conjoint, Robin Morin, une entreprise de déneigement ainsi qu’une ferme de bovins de boucherie à Saguenay. S’il a neigé à quelques occasions dans son coin durant les premiers mois de l’hiver, les températures douces et la pluie ont grandement limité les accumulations au sol par la suite, observe-t-elle.

À Belœil, en Montérégie, une productrice de grandes cultures, Brigitte Pelletier, estimait, le 13 février, n’avoir sorti ses tracteurs que trois ou quatre fois à ce jour pour desservir ses 1 500 abonnés, alors qu’elle le fait normalement de 20 à 25 fois dans toute la saison.

Pas tant d’économies

Un hiver tranquille pour un déneigeur, même s’il est payé à forfait pour la saison, est moins économique qu’il n’y paraît, relève Michaël Beauregard, le fils de Brigitte Pelletier. « Le déneigement, en 2024, c’est beaucoup de frais fixes. Le personnel, on le paie pareil. Nous, on garantit 200 heures pour l’hiver. Le garage commercial où je mets mes tracteurs, je le loue quand même. Oui, je sauve un peu en diesel, mais c’est une toute petite partie de mes dépenses. Au bout du compte, on ne sauvera pas grand-chose », calcule-t-il.

Nathalie Tanguay fait le même constat.

Il faut payer la machinerie, certains entretiens et les salaires. On se retrouve à payer des employés à ne rien faire. La seule variable où on économise un peu, c’est le carburant

Nathalie Tanguay, qui ajout préférer les saisons plus constantes

Près de Joliette, dans Lanaudière, un producteur maraîcher et de grandes cultures, Samuel Desrosiers, doit aussi garantir des heures à ses employés pour le déneigement, même lors des temps morts, mais rappelle que l’hiver n’est pas fini. « Avec un couple de tempêtes, ils vont faire leurs heures. Des fois, le mois de mars nous réserve des surprises », remarque celui qui est sorti moins souvent qu’à l’habitude cette année, mais qui a géré, chaque fois, de grosses bordées de neige. « Les autres années, on y allait plus souvent, pour des 5 cm. Là, on y est allé trois fois, mais c’était pour des 30 cm. »  

Plus payant, sans employés

À Saint-Fulgence, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, un producteur de bœuf Highland, Éric Asselin, n’a pas peur de dire que la saison de déneigement a été économique pour lui jusqu’à la mi-février, car il n’a pas d’employés à payer. « Je fais tout moi-même. C’est une bonne année pour moi. Je sauve beaucoup en carburant. Ça m’aide à faire mes paiements de tracteurs », relève-t-il.

Pas inquiets de perdre des clients

Le déneigeur Éric Asselin ne s’inquiète pas d’être en mesure de conserver sa clientèle au cours des années à venir, puisqu’il est l’un des seuls dans son coin à offrir du déneigement. Brigitte Pelletier ne craint pas non plus une baisse de la demande pour le déneigement, mais évoque la possibilité de ne pas augmenter ses prix l’an prochain, si le reste de l’hiver demeure tranquille. « Ce n’est pas le premier hiver où il y a peu de neige. On a des clients fidèles. On a des personnes âgées et d’autres qui ont mal au dos, qui ont besoin de service. Ils n’arrêteront pas d’y avoir recours. »

Nathalie Tanguay voit également les choses de cette façon. « Il faut dire aussi que ce n’est pas le genre de service qu’on évalue sur une saison. Je dirais qu’il faut faire des moyennes de cinq ans. Il y a des années où le contrat de déneigement va en faveur du client et pas du tout en faveur du déneigeur », fait-elle valoir.