Les entreprises que l’on définit comme des multinationales ont généralement un siège social dans la province et des filiales dans d’autres pays.  Ce modèle n’est toutefois pas le seul pour accéder aux marchés internationaux, signale Fanny Lepage, professeure à l’Université Laval. « Il y a plusieurs autres stratégies d’internationalisation, notamment en agriculture, où on fait plein de choses différemment.  On peut, par exemple, pour vendre des produits à l’extérieur des frontières, faire un partenariat avec un producteur de là-bas, pour partager des technologies, les ressources et avoir un point d’appui pour mieux connaître ce marché. On peut ainsi y investir et échanger des produits quand on en manque. On peut aussi carrément aller acheter des terres pour produire ailleurs, ce qui permet à un producteur d’assurer à ses clients, comme les grands distributeurs alimentaires, de pouvoir les fournir à l’année en leur assurant que même si ce n’est pas produit ici, ce sera toujours le même producteur avec les mêmes techniques », expose-t-elle.

Pas pour tout le monde

Par ailleurs, ces modèles ne fonctionnent pas à tout coup. La chercheuse rapporte des cas de producteurs agricoles qui sont allés à l’international, mais qui se sont rétractés par la suite. « Ils ont testé des stratégies de diversification à l’extérieur et, finalement, se sont rendu compte que c’était trop compliqué parce que ça prend quelqu’un sur place. Encore une fois, quand on pense à la croissance d’une entreprise, on a l’impression que c’est très linéaire, mais c’est souvent des zigzags avec des plateaux », illustre-t-elle.

Peu d’alliances stratégiques

La chercheuse constate également que du côté de la production agricole, les entreprises travaillent surtout en croissance interne et qu’il y a très peu d’alliances stratégiques ou de fusions et d’acquisition d’autres entreprises (en excluant l’achat de terres agricoles). « L’alliance stratégique est pourtant un bon outil pour faire croître une entreprise. Ça pourrait être deux producteurs qui se mettent ensemble pour acheter une terre, et qui l’exploitent à tour de rôle, une année sur deux », donne-t-elle en exemple.