Événement 18 janvier 2024

Quelques exposants du Salon de l’agriculture 2024

Le Salon de l’agriculture est toujours une belle occasion pour découvrir un paquet de nouveautés et faire de belles rencontres. Le journaliste Martin Ménard est allé à la rencontre des exposants pour voir ce qui bouge, en agriculture.

Une bonne coulée de nouveautés

Photo : Martin Ménard/TCN

Antoine Cusson, qui a lancé sa compagnie de vente et d’installation d’équipement acéricole, fait part de quelques nouveautés du manufacturier H2O Innovation. « Tout nouveau de cette année, il y a le capteur de fuite à énergie solaire. Il n’y a pas de batterie, c’est un gros condensateur. On l’a testé fort, et la capacité énergétique reste vraiment durable. Tu le laisses dans le bois pour 20 ans et il se gère tout seul! » dépeint M. Cusson. Il pointe ensuite du doigt un chalumeau antiretour. « Le check valve, c’est un chalumeau à bille. Il est toujours dans l’action de tirer l’eau et jamais dans l’action de retour. L’entaille cicatrise donc plus lentement, ce qui évite les baisses de coulées à partir du milieu et de la fin de saison. Aux États-Unis, ça fait une trentaine d’années qu’ils ont ça, mais depuis que H2O a acheté Leader Evaporator il y a un an et demi, on peut avoir le check valve au Québec. »


Un drone géant applicateur

Photo : Martin Ménard/TCN

L’agriculteur Olivier Barmettler vient de commencer la vente d’un nouvel applicateur de pesticides, de fertilisants et d’engrais vert. Sa machine n’a pas de roues, mais des hélices. Il s’agit d’un drone géant. « En une journée de 10 heures, je peux arroser 200 acres [81 hectares]. Le drone peut voler à 1,5 mètre au-dessus des plantes et avec le vortex [créé par les hélices], ça bouge les feuilles et épand le produit uniformément », explique celui qui dit piloter des drones depuis huit ans. Il déplore que l’ensemble des pesticides ne soient pas encore homologués pour la pulvérisation par drone, mais des fongicides devraient l’être cet été, espère-t-il.

En quelques minutes, le drone peut être configuré pour épandre la matière granulaire, comme les fertilisants. « On peut appliquer environ trois tonnes en une journée. On a mis des engrais verts et du seigle dans du maïs et du soya avec le drone et tout a super bien poussé. L’avantage numéro un du drone, c’est la compaction; il n’y en a pas », dit M. Barmettler. Le fondateur des Entreprises OJ Ag vend des drones à un prix de 45 000 $ ou offre ses services d’épandage par drone pour 44 $ l’hectare.


Le local : un nouveau marché pour les haricots secs

Photo: Martin Ménard/TCN

Depuis ses débuts dans les années 1980, l’entreprise Haribec vendait entièrement ses volumes de haricots à l’étranger, notamment en Méditerranée, mais voilà que « les ventes au Québec prennent leur envol », dit Stéphanie Roy, directrice au développement des affaires. « Le local est passé de 0 % à près de 20 % de nos ventes. »

L’achat par différentes communautés ethniques explique cette croissance, mais aussi la dernière version du Guide alimentaire canadien qui pousse les gens à intégrer les protéines végétales, affirme-t-elle. « On le voit dans les restaurants, les institutions, les hôpitaux, les garderies : la demande est exponentielle », résume Mme Roy. Et pour profiter de cet engouement, Haribec lance un format stratégique de 10 kilos. « C’est un format plus facile à manipuler que nos sacs de 25 kilos. On pense que ça va répondre à une demande pour les institutions et les restaurants », anticipe-t-elle.

Le propriétaire d’Haribec, Pierre-Marc Brodeur, apprécie ce développement de la clientèle locale, mais il faudra davantage de superficies cultivées en haricots secs. Il profite du Salon pour intéresser les producteurs à cette culture.


Un vendeur de semences se lance dans le gruau

Photo : Martin Ménard/TCN

Connu pour la vente de semences, Semican offre aux visiteurs du Salon des sachets de gruau. « Hydro-Québec vient brancher le courant aujourd’hui pour qu’on puisse réellement commencer avec nos machines à transformer l’avoine. On va faire notre propre gruau qu’on offrira en gros format, par exemple à des entreprises qui veulent en mettre dans leurs barres tendres », mentionne Julie Girouard, responsable de l’approvisionnement et des ventes alimentaires.

L’objectif de cette production de gruau consiste à offrir un débouché aux producteurs d’avoine. « On veut faire une boucle, c’est-à-dire vendre la semence d’avoine aux producteurs et leur offrir de racheter leur récolte par la suite. Le principe, c’est de pouvoir offrir un peu plus cher aux producteurs et d’aller chercher plus de tonnage d’avoine », explique Mme Girouard.

Au maximum de sa capacité, l’usine pourra traiter entre 8 000 et 10 000 tonnes d’avoine. Il s’agit de recréer un concept similaire à celui de l’orge puisque Semican offre aux producteurs de racheter l’orge qui n’aurait pas réussi à se classer pour la clientèle brassicole. « Si l’orge déclasse, on peut l’acheter et l’envoyer à notre usine de Princeville, qui la transforme pour le milieu alimentaire ou pour faire de la nourriture pour les chiens et les chats. »


Une serre dans un salon

Photo : Martin Ménard/TCN

Pour la première fois au Salon, une serre grandeur nature attire le coup d’œil des visiteurs. « On a apporté une serre de 30 par 50 pieds [9 par 15 mètres]. On avait envie de montrer aux gens la réalité; qu’ils puissent venir à l’intérieur d’une serre et regarder quelques accessoires qu’on a, notamment au niveau de la ventilation », explique Audrey Charbonneau, représentante des ventes pour l’entreprise Tessier – Fabricant de serres. Les membres de son équipe ajoutent que les serres représentent un moyen pour les agriculteurs de contrôler le climat et ainsi diminuer leur risque face aux changements climatiques.

Photo : Tessier – Fabricant de serres

La principale nouveauté de l’entreprise : un dispositif d’ouverture des toiles par manivelle sur les tunnels chenille de type gothique, lequel facilitera la ventilation l’été. Contrairement aux tunnels chenille standards, le type gothique comprend une structure qui permet de maintenir le tunnel en service même en hiver, de sorte qu’il est possible de prolonger la saison de culture ou de carrément y cultiver des légumes sous couverture, sans chauffage, l’hiver. « Ce type de culture quatre saisons attire des producteurs et même certains citadins », indique Mme Charbonneau. 


Un dôme plus… rectangulaire

Photo : Martin Ménard/TCN

« Notre nouveauté, ce sont des bâtiments avec des côtés droits; des murs de 8 ou 10 pieds [entre 2,5 et 3 mètres de hauteur]. Les murs peuvent avoir une finition de bois ou de tôle, comme une bâtisse standard, mais avec un top de toile », décrit Martin Buhlmann, un ancien producteur de lait qui s’est lancé dans la vente de dômes en 2014.

L’avantage du dôme? « C’est plus économique. Au moins 50 % moins cher qu’une bâtisse standard. Et on n’a pas augmenté nos prix. On a même eu une baisse de 5 % en 2023. Tu économises aussi sur les lumières, car la toile laisse rentrer 70 % de la lumière du jour. » Il dit en avoir installé plusieurs dans des fermes québécoises. « Le plus grand qu’on a fait en agriculture mesure 100 par 300 pieds, pour ranger de la machinerie. On a fait aussi une étable à vaches laitières avec un salon de traite en Beauce. Et deux étables de 50 par 300 pieds pour 600 chèvres laitières ici, en Montérégie », affirme-t-il. La durée de vie des toiles de ses dômes de marque Britespan est évaluée à près de 30 ans, dit-il, précisant que le plastique est recyclable. Un dôme de 30 par 91 mètres (100 par 300 pieds) vaut 400 000 $. 


Une herse de précision

Photo : Martin Ménard/TCN

Le kiosque de ADJM Agri-Distribution présente une herse à étrille de précision conçue pour mieux épouser le relief du terrain afin d’en accroître l’efficacité. « C’est la première année qu’on lance le produit ici, le modèle Pressius de la compagnie Carré, une entreprise française. La différence, c’est que chaque dent est reliée à un ressort qui maintient une pression constante et indépendante. Par exemple, si le terrain varie, la dent ne rentre pas plus creux, ce qui endommagerait la plante. Et dans une culture sur billon, certaines dents vont travailler sur le dessus du billon et d’autres au fond, avec la même pression », explique le vendeur Jérôme Poussard. Les spécifications de la compagnie font état d’un système de réglage hydraulique de la pression des dents sur le sol qui varie de 100 à 5 000 grammes. Le suivi de relief du sol est également assuré par des roues de contrôle. À titre indicatif, le modèle de 12 mètres de largeur (qui n’est pas sur cette photo) se détaille à environ 65 000 $.


Photo : Martin Ménard/TCN

Photo : Martin Ménard/TCN

La Terre de chez nous animait encore cette année des conférences directement sur le plancher du Salon. Une première conférence sur la formation agricole a donné lieu à des échanges intéressants, venant notamment de la part de l’agriculteur Mathieu Pellerin. Ce dernier décrivait la réalité de conjuguer les études et l’agriculture.