Environnement 26 avril 2023

Ferme Maltais : la force d’une équipe

La Ferme Maltais est une affaire de famille depuis quatre générations. Pour cette ferme de production laitière et grandes cultures qui réalise aussi
le criblage des grains de semences, « voir loin » est une valeur clé. Bien entourée de conseillers et d’experts, Pascale Maltais est aujourd’hui au gouvernail de l’entreprise avec son frère Olivier et responsable de déterminer les actions à mener pour lutter contre les changements climatiques à l’échelle de la ferme.

Des tonnes et des actions

Le bilan carbone de la ferme affiche 4 100 tonnes en équivalent CO2. Les émissions de GES de l’entreprise représentent 60 % du 4 100 tonnes et la perte de carbone des sols 40 % de ce total. Un constat qui ne suscite pas de surprise chez Pascale Maltais. « On savait que les vaches laitières seraient notre gros secteur d’émissions »,relate la productrice, qui avoue toutefois que les 1 800 tonnes d’équivalent CO2 générées par la perte de matière organique des sols l’ont fait sourciller. « Dans un premier temps, on a opté pour des scénarios de réduction des émissions de GES rapidement réalisables sur ces deux points », explique la productrice. 

On a déterminé nos objectifs pour 2022, puis on a planché sur des scénarios à réaliser dans un horizon de 3 à 5 ans, pour ensuite se projeter encore plus loin dans l’avenir.

Pascale Maltais, Ferme Maltais

Dès la première année du projet Agriclimat, la ferme a modifié la gestion de son élevage. « En considérant tous les animaux de relève à la ferme, on a ciblé un nombre exact de relèves de taures, de façon à élever le nombre minimum qui se rapprochait de nos besoins. L’objectif était d’éviter de surproduire », explique Mme Maltais. Pour elle, cette décision agit à plusieurs niveaux. « Réduire le nombre d’animaux d’élevage nous évite de produire des aliments qu’on ne consommera pas. Cela diminue les besoins d’achats d’aliments, et on réduit aussi les besoins en espace et les émissions produites par les animaux. » 

Camil Maltais, père de Pascale (à gauche), en compagnie de son frère Léon, tous deux encore très impliqués dans l’entreprise.

Une autre action posée par la Ferme Maltais visait à favoriser la séquestration de carbone. « On a planté une haie brise-vent de 176 arbustes et arbres de différentes variétés », relate l’agricultrice, qui a toutefois dû moduler ses attentes… « Selon l’estimation réalisée par Agriclimat, on a appris qu’on ne séquestrait que 500 kg d’équivalent CO2 par an. À ce moment, on a réalisé qu’on allait progresser par petites étapes », raconte en riant Mme Maltais, soulevant que même les petites réductions contribuent à l’amélioration du bilan. « Les professionnels impliqués dans le projet nous apportent une autre perspective des actions qu’on pose et beaucoup de pistes de réflexion auxquelles on n’avait pas songé », souligne ici la productrice.

Un accompagnement personnalisé

L’agronome de la Ferme Maltais, Martine Bergeron, fait partie du réseau de conseillers impliqués avec l’équipe d’Agriclimat. Pour elle, cet accompagnement constitue l’une des forces du projet. « Le projet se veut d’abord un exercice de partage et de sensibilisation », affirme-t-elle. « On veut savoir comment le producteur vit le changement climatique sur sa ferme. Est-ce que ça se manifeste dans le comportement de son troupeau, ou la santé des animaux? Par des pertes de rendement au niveau de ses champs et de qualité de ses fourrages? » explique Mme Bergeron. « Une fois le constat établi, on va choisir avec lui la piste qui l’intéresse à court, moyen et long terme. On va chercher des compétences professionnelles qui vont permettre à l’entreprise d’être à la fois plus productive et de réduire ses émissions. C’est vraiment un travail d’équipe », témoigne Mme Bergeron. 

Le scénario 3-5 ans, vivement!

Pour Pascale Maltais, les prochaines semaines s’annoncent excitantes. « On va travailler sur les scénarios de réduction des émissions à l’horizon 3 à 5 ans! Avec l’aide des professionnels du projet et des spécialistes d’autres secteurs, on va déterminer comment, par exemple, on pourrait intervenir sur l’alimentation pour permettre aux vaches d’émettre moins de méthane », mentionne la productrice, qui anticipe cette collaboration multisectorielle avec enthousiasme. La gestion du stress thermique pour les animaux, une meilleure conversion alimentaire et la gestion des fumiers sont les autres pistes d’intervention envisagées pour cette phase du projet. « On veut continuer de poser des gestes qui vont rendre notre ferme plus performante, tant économiquement qu’au niveau des GES », d’affirmer fièrement l’entrepreneure.

FERME MALTAIS
Représentée par :

Pascale Maltais

Production :

Laitière et céréalière

Conseillère :

Martine Bergeron (Groupe multiconseil agricole Saguenay–Lac-Saint-Jean)

Partenaire régional Agriclimat :

Marie Mazerolle, Fédération de l’UPA du Saguenay–Lac-Saint-Jean


Qu’en dit la science ?

La gestion de l’alimentation des vaches laitières permet de réduire les émissions de GES des animaux à l’échelle de la ferme, de l’animal ou encore par litre de lait produit. Pour ce faire, il est possible d’analyser avec votre conseiller des options telles que l’augmentation du taux de gras de la ration ou de la digestibilité des fourrages.