Élevage 2 juillet 2020

Volonté de démocratiser la viande d’agneau

Après avoir traversé une période de crise difficile, des producteurs ovins veulent que la viande d’agneau ne soit plus considérée comme un aliment de luxe et se retrouve plus régulièrement dans l’assiette des consommateurs québécois.

L’éleveur ovin Gaston Dupont, du Bas-Saint-Laurent, a fait part de cette volonté lors d’une rencontre virtuelle des Éleveurs d’ovins du Québec (LEOQ) sur la mise en marché de l’agneau et l’achat local en période de pandémie, le 4 juin.

Gaston Dupont
Gaston Dupont

« Ce n’est pas normal que ce soit une viande que pour recevoir. Je pense que j’ai perdu beaucoup de clientèle à cause de ça », a témoigné le propriétaire de la Bergerie Du Pont, de Saint-Antonin. Ce dernier a également évoqué la difficulté des gens ayant perdu leur emploi pendant la crise « de se payer un luxe comme ça ».

Le producteur Dominic Châtelain, de Roxton Falls, a quant à lui assisté à une hausse des ventes de ses produits haut de gamme et préparés en petites portions, « car les gens avaient le temps de cuisiner » en période de confinement. Il observe toutefois un léger ralentissement depuis les dernières semaines, provoqué par le retour au travail d’une grande partie de la population. Ce dernier constate donc qu’il devra changer sa mise en marché pour s’adapter aux besoins de ses clients.

Forte croissance en épicerie

Fait encourageant, les ventes d’agneau ont connu une forte hausse dans certaines épiceries, a témoigné Jean-Nicolas Tremblay, directeur général des marchands IGA des Sources, dans la Capitale-Nationale.

L’augmentation des ventes a bondi jusqu’à 40 % dans ses magasins les plus performants au cours du mois de mai, notamment. « Les gens avaient plus envie de se gâter. On a vu ça ressortir dans nos chiffres », souligne-t-il.

Selon lui, l’agneau est une viande intéressante et raffinée, mais qui doit être valorisée davantage. « Pour ce qui est de la saison du barbecue, il y a quelque chose d’intéressant à exploiter. […] Et montrer que les gens peuvent manger de l’agneau autrement qu’avec de la menthe », a fait valoir M. Tremblay, précisant qu’il serait pertinent de cibler les jeunes. Ce dernier indique par ailleurs que les côtelettes marinées sont des produits populaires.

Profit des grandes chaînes

Le président des LEOQ, Pierre Lessard, se montre ouvert, mais exprime des préoccupations quant à la réelle possibilité que l’agneau du Québec soit plus représenté en épicerie. En entrevue à La Terre, ce dernier critique les marges de profit élevées des détaillants, qui peuvent aller jusqu’à 25 $ le kilo. « C’est frustrant. […] C’est ce qui nous nuit actuellement au niveau des grandes chaînes », estime M. Lessard. L’éleveur de Tingwick, dans le Centre-du-Québec, affirme que cette perception est généralisée au sein des producteurs, qui se demandent pourquoi les prix de l’agneau du Québec  baissent rarement à l’épicerie, comparativement à l’agneau de l’Australie ou de la Nouvelle-Zélande.

« On ne peut pas les compétitionner. Ils produisent 60 millions [de bêtes] et nous, c’est un million par année, affirme M. Lessard. Mais on a un 10 à12 $ le kilo de différence de prix avec eux. »

Appelé à réagir sur le sujet, le directeur des relations publiques du Conseil canadien du commerce de détail, Jean-François Belleau, explique que les promotions pour l’agneau venu d’ailleurs sont plus fréquentes étant donné les grands volumes disponibles sur le marché. Il estime toutefois que la qualité de cette viande n’est pas comparable à celle produite au Québec. 

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