International 24 mai 2023

L’industrie s’éloigne du transport maritime

En réponse aux nombreux accidents maritimes ayant occasionné d’importantes pertes animales dans les dernières années, l’industrie mondiale délaisse le transport du bétail par voie maritime. 

Des pressions considérables sont exercées par différents gouvernements et les groupes de défense des animaux contre le transport maritime de toutes les espèces de bétail, mentionne Matthew Murphy, le directeur des approvisionnements pour l’Amérique du Nord de Pig Improvement Company (PIC), une multinationale spécialisée dans la génétique porcine. « Il y a eu récemment quelques événements malheureux au cours desquels un navire a chaviré ou quelque chose a mal tourné et des pertes importantes ont été enregistrées. Je pense que le secteur essaie vraiment de s’éloigner des longs transports maritimes d’animaux. Ni PIC ni notre partenaire ABS, qui s’occupe des bovins laitiers et des bovins de boucherie, ne font de transport maritime », a-t-il déclaré en entrevue depuis le Tennessee. PIC, l’un des cinq joueurs mondiaux de la génétique porcine, dont les principaux sites d’exportation se situent en Amérique du Nord, exporte 6 000 verrats et 20 000 cochettes par année sur les marchés mondiaux. 

Il y a un an, 16 000 moutons ont péri dans un port du Soudan, en Afrique de l’Est, après le naufrage du navire les transportant. La capacité du bateau construit en 1973 prévoyait un chargement maximal de 9 000 animaux. Un événement similaire dans un port roumain, en 2019, a poussé le parlement européen à enquêter sur la protection des animaux dans différents moyens de transport. Le rapport, dévoilé en 2021, a souligné que l’Union européenne (UE) souhaite « mettre un coup de frein » aux exportations d’animaux vivants, notamment en raison de règles dépassées, mal appliquées et d’un système de contrôle du bien-être animal inexistant dans le transport d’animaux. « Parmi les violations les plus flagrantes figurent l’insuffisance de la hauteur libre, le manque d’eau et de nourriture, le [transit] d’animaux inaptes au transport et la surpopulation. Des véhicules inappropriés sont utilisés, le transport a parfois lieu sous des températures extrêmes et des durées de voyage prolongées », ont indiqué les parlementaires européens lors du dévoilement du rapport. Par ailleurs, depuis avril 2023, la Nouvelle-Zélande interdit le fret maritime d’animaux vivants sur son territoire pour de longs trajets. Le gouvernement a légiféré après que le chavirement d’un bateau à destination de la Chine en 2020 ait tué 6 000 bovins et 41 membres d’équipage sur 43.

Selon le directeur de la production de l’usine d’Olymel à Ange-Gardien, Simon Caron, les seules espèces qui se déplacent actuellement par voie maritime sont les moutons. « C’est la capacité des animaux à supporter de longs voyages qui explique ça. J’avais vérifié lors de la COVID pour déplacer des porcs. J’aurais pris un bateau d’agneaux pour les livrer vivants en Chine, mais le voyage, on parlait de six semaines, et ensuite le défi, c’était l’approvisionnement de moulée pour que les animaux mangent sur le bateau. C’est vraiment dur. À part les ruminants, qui supportent ça un peu plus, les monogastriques, il n’y en a pas [beaucoup] », dit-il.