Technique 18 septembre 2023

Une cohabitation complexe avec les municipalités

La cohabitation entre les déneigeurs municipaux, qu’ils soient un entrepreneur à contrat ou un employé municipal, et les déneigeurs privés complexifie quelquefois la tâche de ces derniers. 

Lorsqu’il a débuté dans le métier au milieu des années 2000, Olivier Turcotte, de Déneigement Olivier Turcotte à East Broughton en Beauce, se mettait au travail vers 2 h du matin, prenait une pause pour aller déjeuner à 7 h et terminait sa ronde de clients vers 11 h le matin. 

« Aujourd’hui, avec les employés syndiqués qui sont payés jusqu’à 16 h et les budgets de déneigement illimités des municipalités, on termine nos journées vers 19 h, 20 h ou 22 h pour la même tempête de neige. C’est juste quand il va serrer son camion en fin d’après-midi que je peux commencer à reprendre le dessus », déplore-t-il. 

À Terrebonne, Pascal Simoneau dit entretenir une bonne relation avec les entrepreneurs engagés par la Ville pour déblayer les rues. « Je dirais que c’est rare dans le milieu, mais de notre côté, on s’aide entre nous. »

Une bonne entente qui va dans le sens préconisé aussi par l’Association des déneigeurs résidentiels et commerciaux du Québec (ADRCQ) qui a identifié la « normalisation du déroulement des opérations et coordination avec les municipalités » comme un enjeu pour ses membres. L’association suggère à ce titre « la mise en place d’un protocole de communication permettant de réduire les coûts et les irritants causés par le manque de coordination dans les opérations de chacun ».

Malgré sa complicité avec les entrepreneurs, Pascal Simoneau doit composer avec la réglementation de la Ville. Terrebonne a en effet inclus dans ses contrats une sortie des charrues lorsque le seuil de 2,5 cm de neige au sol est atteint, alors que les ententes de Déneigement Simoneau avec ses clients prévoient un niveau de 5 cm avant que ses employés ne se mettent à l’œuvre. 

Dans les bonnes tempêtes, on va faire trois à quatre tournées chez les clients. À mon avis, 2,5 cm, c’est un peu zélé. À Laval et dans plusieurs municipalités, c’est 5 cm. Et depuis trois ans en plus, la Ville autorise le stationnement dans les rues l’hiver; c’est l’enfer.

Pascal Simoneau

Olivier Turcotte, lui, est catégorique. « Un déneigement respectable, ça se fait pendant que les gens dorment, pendant qu’il n’y a pas de petites vies qui s’en vont à l’école, pendant que c’est sécuritaire. Ça se fait la nuit pendant qu’il n’y a pas de trafic. Faire du déneigement en plein jour, c’est pareil comme essayer de tricoter avec des mitaines. »