Santé animale 13 novembre 2023

Un premier vaccin autogène contre l’influenza

Un groupe d’experts dirigé par le Centre de développement du porc du Québec (CDPQ) et Les Éleveurs de porcs du Québec travaille depuis deux ans au développement d’un vaccin influenza porcin autogène régional, c’est-à-dire un vaccin fabriqué à partir des principales souches du virus influenza qui circulent entre les élevages de la région.

Comme chez l’humain, le virus influenza porcin (VIP) évolue régulièrement. Pour être efficace, un vaccin doit donc contenir des antigènes similaires aux souches en circulation dans les fermes. Le vaccin développé contient cinq souches qui circulent dans le cheptel porcin du Québec depuis deux ans. Le premier lot de ce vaccin a été fabriqué au mois d’août 2023 par le laboratoire Gallant.

L’accès au vaccin autogène n’est pas aussi simple que celui d’un vaccin commercial. Il est disponible pour tous les producteurs de porcs du Québec qui se sont engagés à son achat et aux modalités d’usage. Toutefois, ceux qui sont intéressés par le deuxième lot de ce vaccin auront l’occasion de signifier leur intérêt et leur engagement à leur vétérinaire à la fin de cette année (décembre 2023). La vente et l’utilisation de ce vaccin doivent se faire sous la supervision du médecin vétérinaire dans le cadre d’une relation vétérinaire client-patient. 

Le VIP, un virus à contrôler

Le virus de l’influenza porcin (VIP) est le deuxième agent pathogène en importance dans les élevages porcins du Québec. Il peut se retrouver dans toutes les phases de production, du porcelet en lactation au porc de finition. 

Le virus affecte surtout le système respiratoire. Les signes cliniques typiques de l’influenza porcine sont de la fièvre, de l’abattement, des difficultés respiratoires avec de la toux et des éternuements, de l’écoulement nasal allant jusqu’à une baisse de fertilité chez la truie et des avortements. Les symptômes sont souvent plus sévères lors d’infections concomitantes avec le syndrome reproducteur et respiratoire porcin (SRRP) et le mycoplasme. Le VIP peut se transmettre par les aérosols et il est considéré comme une ­zoonose, car certaines souches ont la capacité d’infecter les humains. La surveillance, la biosécurité (quarantaine, entrée danoise, etc.) et une vaccination adéquate demeurent les moyens les plus efficaces pour prévenir cette maladie et en limiter les impacts dans les élevages porcins. 

Surveillance pour la détection des nouvelles souches

Comme le virus influenza évolue constamment, une nouvelle souche a été identifiée en Ontario au printemps 2023. Celle-ci fait partie d’une nouvelle famille (clade) qui n’a pas encore été détectée au Québec. Cette souche a été identifiée chez des porcs aux États-Unis en 2013 et elle est devenue une des plus courantes dans leur industrie. Avec le nombre important de mouvements de porcs avec l’Ontario, il est probable que cette souche de virus influenza puisse apparaître dans les prochains mois au Québec.

Tous les producteurs de porcs du Québec sont incités à être vigilants et à s’impliquer pour caractériser les pathogènes responsables des maladies respiratoires qui affectent leurs animaux. Les meilleurs échantillons pour caractériser, séquencer et cultiver le virus sont des écouvillons nasaux ou encore des morceaux de poumons récupérés sur des porcs décédés de la maladie. Le Laboratoire de santé animale du MAPAQ offre des analyses subventionnées aux propriétaires des animaux pour détecter l’influenza. De plus, l’identification de la présence de ce virus par les autres laboratoires du Québec doit être déclarée au MAPAQ. Un des objectifs est d’avoir une bonne représentation des souches virales qui circulent au Québec pour la fabrication du vaccin.

Comparer le génome des souches pour améliorer la gestion du VIP au Québec

L’équipe du CDPQ, en collaboration avec divers experts, a développé un outil de classification des différentes VIP à partir de la séquence des nucléotides d’un gène du virus. Cet outil est accessible en ligne et il permet de comparer la souche du virus influenza porcin qui circule dans un élevage avec les cinq souches de virus inclus dans le vaccin.  

Remerciements et référence

Le développement du premier vaccin influenza porcin régional a été rendu possible grâce au soutien financier du Programme de développement sectoriel du MAPAQ, des Éleveurs de porcs du Québec et du Centre de développement du porc du Québec. Des informations plus détaillées et additionnelles sont disponibles sur le wiki thématique sur le virus de l’influenza porcine au Québec.