Innovation 27 octobre 2023

TriCycle veut déployer ses ailes

L’un des principaux joueurs québécois de production de frass, un fumier d’insectes dérivé de leur élevage, TriCycle, passera bientôt d’une installation pilote à la construction d’une usine à pleine capacité. Au courant de 2024, les nouvelles installations devraient faire passer sa capacité annuelle de production de 25 tonnes de ténébrions à 400 tonnes. L’entreprise de Montréal, qui commercialise ses produits depuis près de deux ans, lorgne vers Lanaudière.

On aimerait bien s’installer dans la Zone AgTech de Repentigny. Nous sommes en discussion.

Alexis Fortin, directeur des technologies et des opérations de TriCycle.

Cette capacité augmentée lui permettra d’atteindre de nouveaux marchés. En matière d’insectes, TriCycle vend déjà des produits pour la consommation humaine et pour la fabrication d’aliments destinés aux animaux de compagnie, mais l’élevage agricole est dans sa mire. « On fait des recherches pour explorer dans quelle mesure et proportion l’ajout d’insectes à l’alimentation des animaux peut être bénéfique pour les éleveurs », explique M. Fortin.

Alexis Fortin

Le frass produit représente 1,2 fois le volume de production d’insectes. L’engrais est destiné aux jardiniers amateurs, aux producteurs horticoles, de même qu’aux maraîchers.  « Le frass a un coût relativement élevé, d’où les marchés ciblés pour le moment, dit Alexis Fortin. Mais en augmentant notre capacité de production, on veut s’approcher du coût du fumier de poule. » Par ailleurs, une nouvelle technologie de transformation permettra à TriCycle de vendre le frass sous forme liquide, et donc, de cibler la culture hydroponique.

Des agriculteurs engraisseront les larves

TriCycle compte approcher différents producteurs agricoles pour les recruter comme partenaires de production. « On veut qu’ils puissent engraisser nos larves, comme on le fait pour des poussins, explique le dirigeant. Les agriculteurs pourront garder une partie de la production pour l’utiliser à leur ferme. Ça ne demande pas une grande infrastructure de production, juste un local avec une aération, où les bacs d’élevage seront empilés, de même qu’un petit convoyeur. C’est un modèle qui existe déjà en France et ça fonctionne bien. » L’entreprise a pour objectif de commencer la production avec les agriculteurs dès 2026 et elle vise à recruter huit fermes d’ici 2028. 

Avec ces ententes, le fonctionnement de l’usine de production est appelé à évoluer. TriCycle compte se concentrer un jour uniquement sur les autres étapes de production et la commercialisation. « Nous n’allons plus du tout faire d’engraissement de larves, dit M. Fortin. À terme, on vise une capacité de production de 2 000 tonnes d’insectes par an. »

L’actuel appareil de transformation de frass chez TriCycle, qui compte déménager ses pénates de Montréal à Repentigny, passant d’une production pilote à une usine en bonne et due forme.

Qu’est-ce que le frass?

Engrais issu des élevages d’insectes, le frass est composé de leurs déjections, de leurs mues et de quelques résidus issus de leur alimentation. Dans le cas de TriCyle, on utilise, pour l’engraissement des larves, des résidus alimentaires, des résidus de production (agricole ou alimentaire, dont la drêche de bière), qui permettent d’élever les larves qui se transformeront en insectes. « Nous avons mené des recherches maison sur l’impact sur la production maraîchère. Elles démontrent que, pour la croissance des plantes, le frass est beaucoup plus efficace que le compost et a un effet presque aussi efficace que le fumier de poule, rapporte Alexis Fortin. Mais nous voulons commander d’autres recherches de sources externes. »  Il précise que le frass a aussi l’avantage d’être biologique.