Volailles 11 août 2023

Plus de place accordée aux petits abattoirs de poulet

De petits abattoirs de poulet du Québec auront les coudées un peu plus franches pour augmenter leur production au cours des prochaines années.

Dans une décision rendue en arbitrage, le 9 juin, concernant la nouvelle convention de mise en marché du poulet, la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) a jugé qu’il était temps de « dépoussiérer » le système de gestion des « volumes d’approvisionnement garanti » (VAG), lesquels déterminent le nombre de kilogrammes de poulet pouvant être abattus par un abattoir pour chaque période de production dans l’année, qui en compte plus ou moins six, au total.

Entre autres changements, une certaine catégorie de VAG, soit ceux appelés « VAG d’acheteurs reconnus », a été abolie et assimilée à la catégorie de VAG réguliers. Les entreprises qui avaient acquis ce type de VAG d’acheteurs reconnus au fil des années, la plupart du temps en achetant des concurrents, voient donc leurs VAG réguliers augmenter en conséquence. C’est le cas de Volailles des Cantons, une entreprise de Roxton Pond, en Estrie, spécialisée dans l’élevage et la transformation de poulet sans antibiotique.

Son propriétaire, le producteur Martin Dion, se réjouit de cette décision, puisque cette catégorie spécifique de VAG d’acheteurs reconnus ne lui donnait pas droit à la part de croissance dont il avait besoin pour desservir convenablement son marché, explique-t-il. 

« Pour l’instant, ce qui nous a été accordé nous satisfait, mais dans la prochaine convention, il faudra continuer à faire la preuve à la Régie que notre marché est en croissance et qu’on va certainement en avoir besoin de plus », confie le propriétaire de Volailles des Cantons.

Les nouvelles dispositions de la convention lui permettront de progressivement faire passer sa production de 400 000 kg de poulet par période à environ 1 million de kilogrammes. Cette augmentation, bien qu’elle soit importante à l’échelle de son entreprise, reste « négligeable » par rapport aux plus gros joueurs de l’industrie de la transformation, « qui abattent souvent, dans un seul abattoir, le même nombre de kilogrammes de poulet en une seule journée », illustre M. Dion.  

Yves Lacelle, propriétaire de la Ferme la rose des vents, à Mont-Laurier, dans les Laurentides, voit aussi les changements apportés à la nouvelle convention d’un bon œil. Bien qu’il n’envisage pas d’utiliser à court terme tous les kilogrammes supplémentaires de production auxquels son entreprise aura droit, il estime que ces nouvelles possibilités l’aideront à développer son marché à plus long terme. « Notre objectif est de tripler notre chiffre d’affaires d’ici 2027 », précise celui qui produit et transforme du poulet élevé sans antibiotiques et sans produits animaliers.

Les poulets élevés sans antibiotiques de la Ferme la rose des vents sont vendus principalement dans les restaurants, les boucheries et les épiceries fines. Photo : Gracieuseté de la Ferme la rose des vents

Ouverture aux nouveaux joueurs

La nouvelle convention ouvre aussi la porte à l’arrivée de nouveaux joueurs, qui auront accès à une part de la croissance de la production pour démarrer des abattoirs. Lors des audiences de la RMAAQ sur cette question, les Éleveurs de volailles du Québec avaient suggéré un modèle ouvert, où tout nouvel acheteur aurait pu obtenir la part demandée si celle-ci était disponible. La RMAAQ a plutôt retenu en grande partie le modèle suggéré par le Conseil québécois de la transformation de la volaille, qui suggérait un modèle d’attribution par palier.  Les nouveaux venus auront d’abord accès à un maximum de 25 000 kg de poulet par période de production, puis à 75 000 kg lorsqu’ils atteindront le deuxième palier, et jusqu’à 125 000 kg par période au troisième palier. 

Selon Jean-Yves Lacelle, de la Ferme la rose des vents, ce système est une bonne idée, puisqu’il permettra plus de stabilité en protégeant les entreprises existantes comme la sienne, qui garderont un accès privilégié à une plus grande part de la croissance par rapport aux nouveaux joueurs. « Sans ça, on aurait pu avoir un concurrent qui ouvre juste à côté et qui réussit à obtenir un plus grand volume de production dès la première année », précise-t-il. 

D’autres petits producteurs-transformateurs contactés par La Terre avaient une opinion plus mitigée envers la nouvelle convention, ne pouvant encore mesurer sa portée exacte sur la croissance de leur entreprise.