Serres 14 novembre 2023

La pollution lumineuse, un enjeu grandissant

Sujet délicat s’il en est un parmi les producteurs serricoles, la pollution lumineuse ne s’impose pas moins à leur agenda. Car, non seulement les serres sont plus nombreuses, mais elles sont également plus lumineuses. « Ça augmente leur productivité », explique le consultant Jacques Thériault, de Climax Conseils. Cela a toutefois un coût, car les producteurs font face à des enjeux d’acceptabilité sociale.

Les Serres Toundra, à Saint-Félicien, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, a beaucoup fait les manchettes à ce propos ces dernières années. Et d’autres producteurs risquent d’y être confrontés également, car un nombre grandissant de villes songent à imposer des règlements. Jacques Thériault reçoit d’ailleurs un nombre grandissant d’appels à ce sujet de la part de responsables municipaux. Idem pour le président des Producteurs en serre du Québec, André Mousseau. « C’est un gros défi », avoue-t-il. 

Dans le cas de Toundra, l’entreprise a annoncé, au printemps 2023, qu’elle acceptait les conclusions d’une étude indépendante sur ses émissions lumineuses et qu’elle travaillerait à modifier ses infrastructures. « Ils sont pris avec ça, estime André Mousseau. Ils vont changer les serres les plus récentes, mais ils ne peuvent pas modifier les plus anciennes. »

Jacques Thériault explique, pour sa part, que les solutions au problème dépendent à la fois du niveau d’éclairage permis par la réglementation municipale et de l’âge des serres.

Il y a des écrans qui peuvent réduire jusqu’à n’avoir que 10 % de la luminosité, dit-il. On peut faire un bon bout assez facilement.

Jacques Thériault, agronome et consultant auprès des serriculteurs
L’agronome Jacques Thériault fait de l’accompagnement auprès des serriculteurs depuis trois décennies. Photo : Gracieuseté de Climax Conseils

Des réinvestissements nécessaires

Sylvain Terrault, de l’entreprise Gen V, a beau ne pas être confronté à cet enjeu avec ses propres serres, il reste néanmoins préoccupé par la question. « On est sensibles à cette réalité. Cela dit, on nous demande d’aider à l’autonomie alimentaire en doublant notre production, mais on est challengé de toutes parts, se désole-t-il. Si on se dit que, dans les serres récentes, on veut un black-out total, je n’ai pas de problème. Mais qu’est-ce qu’on fait des serres qui ont 15-20-30 ans? Pour reconstruire au complet, ça coûterait des millions. »

Selon André Mousseau, présentement, la meilleure solution pour les producteurs est encore la prévention. « Avant de t’installer quelque part, va voir ta municipalité, informe-toi des règlements, des secteurs, etc. N’attends pas d’être trop avancé dans ton projet », conseille-t-il.