Pommes de terre 26 mars 2023

Les croustilles Miett : artisanales et 100 % québécoises

Jennifer Charland et Jean-Philippe Matteau déploraient de ne trouver aucune marque de croustilles artisanales et 100 % québécoises sur les tablettes des magasins. Ces amis dans la vie ont décidé de remédier à la situation. Ils se sont lancés dans la production de pommes de terre pour créer les chips Miett. Le produit suscite un fort engouement quelques mois seulement après son arrivée sur le marché.

Jennifer Charland et Jean-Philippe Matteau n’avaient pas vraiment d’expérience en agriculture avant de décider de fonder la ferme Aviateur, à Mirabel, en janvier 2022. « Il y avait déjà un moment que je cherchais un projet pour cultiver la terre sur laquelle mon conjoint [qui n’est pas Jean-­Philippe] et moi avions construit notre maison. Lui avait déjà son entreprise dans le domaine de la distribution alimentaire et n’était pas prêt à en démarrer une autre. Comme je ne voulais pas me lancer seule dans cette aventure, j’ai demandé à Jean-Philippe, un ami de longue date, qui était en année sabbatique, d’embarquer avec moi. L’idée de faire des chips artisanales nous plaisait et s’est rapidement imposée », raconte Jennifer Charland, qui est devenue consultante dans l’industrie alimentaire après avoir étudié en nutrition puis en cuisine à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec.

À leur première année, les deux producteurs ont récolté 19 tonnes de pommes de terre.

Au printemps, elle et Jean-Philippe Matteau, diplômé en génie mécanique, ont donc planté un hectare de pommes de terre afin de produire leurs croustilles, non sans quelques appréhensions. « Quand on parlait de notre ­projet, ­notamment à des voisins producteurs de pommes de terre, on nous regardait de façon bizarre, explique-t-elle. On se demandait pourquoi personne ne faisait de chips artisanales au Québec. Cela nous faisait un peu peur, mais on a foncé quand même. »

Des défis à résoudre

Les deux producteurs ont dû surmonter quelques embûches. D’abord, l’approvisionnement. Il n’a pas été simple de trouver des semences de « patates à chips » en plein hiver alors que les commandes se font à l’automne. Ils ont finalement pu mettre la main sur des surplus. 

La recherche d’équipement agricole leur a aussi causé quelques maux de tête. « Il n’y a pas vraiment d’équipement adapté à de petites superficies de culture. On a donc planté et récolté à la main avec l’aide d’amis et de proches. Des agriculteurs des alentours nous ont aussi prêté certains équipements, dont une machine pour semer et une pour récolter », relate Jennifer Charland, qui a suivi un cours au Centre de formation agricole de Mirabel au démarrage de l’entreprise. 

Un produit local

À leur première année, les deux producteurs ont récolté 19 tonnes de pommes de terre qu’ils transforment dans le garage de Jennifer converti en cuisine de production. Au total, ils prévoient remplir quelque 25 000 sacs de 150 g de leurs croustilles qui sont offertes en trois saveurs, soit nature, BBQ érable et sel et sumac. Tous les assaisonnements proviennent de la ferme dans un désir de produire le plus localement possible. Les croustilles sont cuites dans une huile de tournesol biologique qui vient aussi du Québec.


Les croustilles Miett sont offertes en trois saveurs : nature, BBQ érable et sel et sumac.

La commercialisation s’est amorcée à l’automne. Actuellement, les chips Miett sont présentes dans une vingtaine de points de vente, principalement dans la région de ­Montréal et des Laurentides. « La réponse des ­commerçants est très bonne. On doit malheureusement refuser des demandes parce qu’on veut conserver une partie de notre récolte pour semer au printemps », explique Jennifer Charland.  

En 2023, les producteurs, qui ont financé leur première année de production à même leurs fonds propres, vont tripler la superficie de culture. Ils projettent aussi la construction d’un bâtiment pour conserver les pommes de terre et les croustilles une fois emballées. Ils rêvent également d’un espace buvette-resto pour accueillir les visiteurs à la ferme et visent une certification biologique.

« Pour nous, 2022 était une année test, mais on peut dire qu’on a réussi. On est très contents du produit. On réalise un rêve », affirme-t-elle. Ce n’est quand même pas banal pour une nutritionniste de formation de se ­lancer dans la fabrication de croustilles, loin d’être un aliment santé. « C’est vrai, concède-t-elle en riant. L’important pour bien s’alimenter, c’est de manger de tout et de bien choisir ses aliments. Nos croustilles sont transformées au minimum, ce qui en fait un meilleur produit. »