Pommes 13 mai 2024

Un verger pépinière qui invite à planter ce qu’on goûte

« Vous aimez le fruit, plantez l’arbre! » Voilà le slogan du Verger Pépinière Bord-du-Lac, une entreprise au modèle d’affaires inusité, situé dans l’arrondissement montréalais de L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève, en bordure du lac des Deux Montagnes. 

Le propriétaire, Olivier Ross, propose à ses clients de faire de l’autocueillette de pommes, de poires, de prunes, de cassis, de griottes, d’argouse, de figues et de raisins, mais également d’acheter des arbres et arbustes fruitiers. 

Tout a commencé dans les années 2010, alors que M. Ross travaillait en aéronautique. En tant que passionné de sylviculture, il songeait à se réorienter dans ce secteur. « J’allais visiter les vergers et je leur demandais : ‘‘Pourquoi vous ne vendez pas d’arbres?’’ Ils me répondaient : ‘‘Parce qu’on ne vendra plus de fruits aux gens!’’ Puis, j’allais visiter les pépinières et je leur demandais : ‘‘Pourquoi ne vendez-vous pas de fruits?’’ et ils me répondaient : ‘‘Parce qu’on ne vendra plus d’arbres!’’ Je trouvais que ça n’avait aucun sens. » Sans compter que l’offre des pépiniéristes lui semblait inadéquate. « Ils vendent des arbres qui nécessitent l’application de pesticides et de fongicides », plaide-t-il.

Ce dernier se désolait, par ailleurs, de constater que les citoyens plantaient si peu d’arbres fruitiers.

C’est pourtant accessible à tout le monde qui a une cour exposée au soleil, mais les gens pensent que c’est beaucoup d’ouvrage.

Olivier Ross

Il trouvait aussi dommage que les parcs des villes soient dénués d’arbres fruitiers.  « Pourquoi les citoyens ne peuvent-ils pas, en saison, aller au bout de la rue et se cueillir des fruits? » 

Bref, il n’en fallait pas plus pour le convaincre de se lancer en affaires. « J’ai choisi les arbres les plus rustiques et adaptés, qui résistent aux maladies et ravageurs, justement pour éviter aux citoyens d’avoir à appliquer des pesticides et fongicides », dit le producteur, qui a développé ses connaissances sur le secteur au fil des ans. « J’ai lu tous les livres de la Grande bibliothèque de Montréal sur les arbres fruitiers et j’ai suivi des cours de formation continue à l’Université Laval. »

Si, au départ, il songeait à vendre lui-même les fruits du verger, il a réalisé que l’autocueillette compléterait à merveille ses activités. « Je n’avais plus besoin de trouver des employés pour les cueillir », dit-il. Le modèle d’affaires était trouvé.

Douze ans plus tard, il cultive non moins de 50 variétés de 10 types de fruits, pour un total de 850 arbres. Celui qui a commencé sur un hectare en location en a ajouté deux autres l’an dernier. 

À la cueillette et la vente d’arbres et arbustes se sont ajoutées d’autres activités ludiques, comme la fabrication de jus de pomme sur un pressoir ancestral, la dégustation de paw paw, un fruit aux saveurs exotiques qui pousse au Québec, de même que des ateliers d’initiation au greffage.

Comble du bonheur, l’an dernier, Olivier Ross a aussi été consultant auprès de l’arrondissement Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, pour un projet de plantation d’arbres fruitiers, sur un des trois hectares du parc Médéric-Archambault, à l’extrême est de l’île de Montréal.

À l’évidence, son message a porté ses fruits!