Formation 28 mars 2023

Des étudiants veulent révolutionner la plantation de fraises

Ce qui a commencé comme un projet de fin d’études pourrait se traduire en une avancée technologique appréciable pour les producteurs de fraises. Une équipe d’étudiants de l’Université de Sherbrooke est parvenue à créer la première machine semi-automatisée pour la plantation de racines de fraises nues sur paillis de plastique.

À l’heure actuelle, une grande partie des fraises vendues à l’extérieur de la ferme est cultivée en plasticulture. Cette technique, qui permet des récoltes plus hâtives et un meilleur contrôle des mauvaises herbes, engendre toutefois des coûts de main-d’œuvre importants, puisque les travailleurs doivent insérer manuellement chaque plant à racines nues. « La main-d’œuvre représente jusqu’à 55 % des coûts de production des fermes et ça tend à augmenter d’année en année. Le prix au détail ne suit pas. Les petits producteurs sont pris à la gorge face à cette situation », résume William Leclerc, diplômé au baccalauréat de génie mécanique. 

En 2021, William Leclerc de même que cinq autres étudiants de l’Université de Sherbrooke ont décidé de s’attaquer à ce problème dans le cadre d’un cours sur la création d’un produit innovant. « Dans nos démarches, on a rencontré une trentaine de producteurs de fraises. Pour eux, le besoin d’automatiser cette opération était criant, dit-il. Cependant, ils souhaitaient une solution mécanique sans gadget électronique pour être en mesure de réparer eux-mêmes la future machine sans avoir à attendre un technicien, étant donné la courte fenêtre de plantation. »

À terme, un opérateur aurait une cadence de 1 500 racines par heure grâce à la machinerie développée par les étudiants de l’Université de Sherbrooke, soit trois fois plus qu’en effectuant cette tâche à la main. Photo : Gracieuseté de William Leclerc

Une roue à 12 planteurs

Suivant les conseils de deux fermes partenaires, l’équipe s’est mise à la planche à dessin pour concevoir un planteur capable de s’adapter à des plants à racines nues de dimensions très variables. « La partie innovante est la pièce qui permet de saisir la racine peu importe sa taille et de la planter dans le sol sans déchirer le paillis. C’était un beau défi », résume William Leclerc. 

L’appareil, qui possède une roue composée de 12 planteurs tournant au contact du sol, sera alimenté par un opérateur assis à l’arrière de la machinerie. « Un opérateur pourra augmenter de deux à trois fois sa cadence de plantation avec cet appareil. Notre machine a été conçue pour être modulable et éventuellement ajouter des unités de plantation pour fonctionner sur plusieurs rangs, décrit Stéphan Rosa, également membre de l’équipe. On a aussi fait attention à ce que la position de l’opérateur soit ergonomique et sécuritaire. Son travail sera simplifié de cette façon. »

À l’automne dernier, les étudiants ont réussi à faire leurs preuves de concept en contexte réel. Ils doivent désormais optimiser le planteur et la machinerie en général. Quatre des membres de l’équipe ont également décidé de s’incorporer sous le nom d’Innovaplant pour amener le projet sur le marché.

Près de 60 000 $ ont été investis jusqu’à présent dans ce projet, dont une bonne partie provient de bourses, sans compter l’appui de commanditaires pour fournir des pièces d’équipement. Innovaplant mènera des essais chez les fermes partenaires durant la saison 2023 en vue de premières commandes pour 2024.