Ovins 19 février 2024

Fin de la Société des éleveurs de chèvres laitières de race du Québec

La Société des éleveurs de chèvres laitières de race du Québec (SECLRQ) a cessé ses activités le 31 décembre, après 38 ans d’existence. 

Cette fermeture n’a pas surpris l’éleveuse Sophie Girouard outre mesure. « Elle avait réduit de plus en plus ses activités ces dernières années », dit cette ancienne administratrice de la SECLRQ.

Selon la directrice générale, Catherine Michaud, cette fermeture s’explique entre autres par la fin du programme de subventions PAFRAD du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). « Il permettait de payer les frais d’administration et d’opération, comme le site Web, la vérification des états financiers, etc., dit celle qui reste en fonction jusqu’à la fin février. Les programmes de financement pour des projets spéciaux, ça ne paie pas ce genre de dépenses. »

À cela, il faut ajouter les difficultés qu’a connues le secteur caprin ces dernières années.

Il y a une quinzaine d’années, on était environ une centaine. Ça avait baissé à une soixantaine en 2019, mais les volumes se maintenaient. À partir de là, il y a eu le départ d’Agropur [comme acheteur], la baisse de prix du lait de 5 % et le départ de Liberté. Beaucoup de producteurs sont partis; on est une trentaine maintenant. »

Sophie Girouard, éleveuse de chèvres laitières
Catherine Michaud

Si certaines activités, comme l’insémination artificielle, ont été reprises par le Centre d’expertise en production ovine du Québec, d’autres ne pourront être pris en charge. « On avait des projets, comme un calendrier de ­production, qui étaient pratiquement aboutis et qui vont tomber entre les craques », déplore Catherine Michaud.

Selon l’agronome de formation, qui a aussi déjà été éleveuse de chèvres, la fermeture de la SECLRQ soulève l’enjeu du financement des plus petites associations de producteurs agricoles. « Clairement, le MAPAQ est en train de se désengager des petites productions, estime-t-elle. Je ne dis pas que le ministère n’a plus de rôle à jouer, mais il faut cesser de penser que c’est la seule solution. Comme industrie, on pourrait s’asseoir tout le monde ensemble : les producteurs de lait de chèvre, ceux de chèvres de boucherie et de mohair, avec les organisations parallèles et même les clients, afin de voir ­comment on peut miser sur les ressources et les expertises de chacun. Les clients ont tout intérêt à se demander ce qu’ils peuvent faire pour soutenir les éleveurs. » Elle suggère à cet égard que la Table filière laitière caprine joue un rôle de coordination.