Ovins 9 février 2024

Des producteurs ovins s’unissent pour la reconquête de l’Est

Un groupe d’éleveurs ovins hissent leurs armoiries et sonnent le clairon : ils veulent reconquérir leur production. Ils ont effectué le lancement, à la fin octobre, de la Reconquête ovine de l’Est-du-Québec, un concept semblable à une table de concertation qui vise à impliquer les éleveurs, les acheteurs, les MRC et d’autres intervenants afin de redynamiser toute la filière ovine. 

« On fait face à des difficultés liées à la transition de nos entreprises, des difficultés de relève. On voit une forme de morosité qui a envie de s’installer chez les producteurs, mais on ne veut pas laisser faire ça. Ce qu’on souhaite, c’est une prise en main par les gens du milieu, avec le but d’augmenter la production ovine et le nombre de fermes dans l’Est. Je suis convaincu qu’on est capables », exprime Alexandre Anctil, l’un des investigateurs de ce mouvement, lui-même producteur à Saint-Mathieu-de-Rioux, dans le Bas-Saint-Laurent. 

Il indique que sa région a une longue tradition de production ovine. Elle compte environ 25 % de toutes les fermes ovines du Québec et produit 40 % des agneaux lourds de la province. Les possibilités d’accroître la production sont bien présentes, affirme-t-il. « Les acheteurs ont de la demande pour 1 400 agneaux lourds par semaine et on en produit 900; on pourrait augmenter de 50 % la production. Ça veut dire que pour ceux qui ont des projets, il y a de l’espace. L’ouverture est là. Oui, on a des défis, mais le produit trouve sa place. Ça, c’est extrêmement intéressant », martèle celui qui est également président du Syndicat des producteurs d’ovins du Bas-Saint-Laurent. 

L’une des priorités est de resserrer les rangs du milieu ovin et de créer un tissu social qui stimulera le secteur.

On a l’histoire ici. Ceux qui ont tapé la trail pour professionnaliser la production ovine sont encore là. On a commencé à en sortir quelques-uns, pour qu’ils nous inspirent, pour qu’ils nous donnent une perspective. Dans le fond, ce qu’on constate et qu’on ne voit pas au quotidien, ce sont tous les avancements qu’il y a eu au fil des époques dans notre production. C’est encourageant.

Alexandre Anctil, producteur ovin

Il veut instaurer davantage de rassemblements entre producteurs, par exemple pour partager de l’information améliorant les techniques de production. 

Prochaine étape

La prochaine étape, en avril, consiste à créer une structure de gouvernance simple et efficace pour la Reconquête ovine de l’Est-du-Québec. Des sièges seront occupés par des producteurs, mais aussi par différents intervenants, dont les acheteurs. 

Le comité a bon espoir d’obtenir éventuellement une subvention pour embaucher un employé qui accélérera la démarche. Le regroupement concentrera ensuite son travail sur six axes, dont le démarrage de fermes ovines, la croissance des fermes existantes et le transfert des entreprises qui ont atteint cette phase. La profitabilité des fermes, qui n’est pas énorme, fera aussi partie des axes prioritaires à améliorer. 

Alexandre Anctil a foi en la réussite du projet, disant que le bureau régional du ministère de l’Agriculture du Québec y croit aussi et s’implique avec fermeté. Il est également encouragé par l’abattoir régional de même qu’un important acheteur d’agneaux qui souhaite positionner davantage sa mise en marché sur la viande ovine de ce secteur du pays. « La Reconquête ovine de l’Est-du-Québec, ce n’est pas un appel à l’aide ni un SOS qu’on lance. On aime notre production et on veut juste que ça continue. On veut montrer qu’on est organisés et se positionner comme une destination intéressante pour quelqu’un qui veut venir s’établir », plaide M. Anctil.