Maraîchers 19 mai 2023

La récolte des radis s’amorce dans le froid

SHERRINGTON – Le temps était frisquet lors du premier jour de récolte de radis, le 17 mai, aux Jardins A. Guérin et Fils. Par endroits, il avait même neigé ce matin-là. Vers 14 h, au moment de la visite de La Terre à la ferme de Sherrington, en Montérégie, une vingtaine de travailleurs s’attelaient à la tâche depuis l’avant-midi, capuchon sur la tête et gants aux mains. Quelque 500 caisses de ces légumes rouges cultivés sous bâche étaient à remplir.

« C’est la grosseur des radis qui détermine la première journée de récolte. Il y a toujours une journée idéale pour aller chercher la bonne grosseur », explique d’entrée de jeu l’un des copropriétaires, Pascal Guérin. 

Pour la culture en serre à l’année, les producteurs de Sherrington ont essayé plusieurs techniques, notamment l’hydroponie, qui, finalement, ne donnait pas la qualité de légumes qu’ils recherchaient. Ils optent maintenant pour la culture en contenants. Un système programmé fait en sorte, par exemple, d’adapter l’éclairage et la température à l’intérieur en fonction des conditions climatiques extérieures. 

Il est toutefois rare, affirme l’agriculteur, que la première journée de récolte à sa ferme soit aussi fraîche. Il explique que les températures oscillant autour de 10 degrés ne nuisent pas au développement de ces légumes, ceux-ci étant plutôt résistants au froid. « En fait, ils aiment ça, quand il ne fait pas trop chaud. Quand c’est trop chaud, c’est là que les radis deviennent un peu piquants. Pour qu’ils aient bon goût, ça prend un bon niveau d’humidité et pas trop de chaleur. »

Pascal Guérin est l’un des sept copropriétaires de la ferme familiale située à Sherrington, en Montérégie.

Celui qui récolte des primeurs chaque année qualifiait son début de saison de normal, le 17 mai. Même le lendemain, après que des gels survenus durant la nuit aient donné du fil à retordre à plusieurs maraîchers, ce dernier ne craignait pas de dommages considérables. 

« Comme c’est un légume qu’on ressème souvent, si on a un peu de pertes en début de saison, ce n’est pas si grave. » 

Des radis en serre à l’année 

« On récolte à peu près 600 000 caisses par année. C’est quand même beaucoup. C’est à peu près 300 hectares de semis de radis, parce qu’on revient plus qu’une fois dans un champ la même saison », explique Pascal Guérin, dont la ferme est l’une des rares faisant de ce légume sa spécialité. 

Son entreprise est d’ailleurs précurseure pour la production de radis en serre sous régie biologique, qu’elle fait pousser depuis quelques années pour la vente aux épiceries. 

Les premiers radis récoltés en mai sont cultivés sous bâche. 

« Il n’y a pas beaucoup de légumes racines en serre qui se font. C’est une bonne niche, mais il y a des défis. C’est difficile d’avoir un rendement constant », témoigne le producteur. Plusieurs essais ont été requis, dit-il, avant de trouver la bonne technique, les légumes racines requérant des conditions différentes de celles d’autres légumes fréquemment cultivés en serre. « Avec les laitues, tu veux faire de la feuille, mais avec un radis, tu ne veux pas faire plus de feuilles; tu veux faire une racine. Donc, tu ne veux pas avoir trop de chaleur », explique celui qui reconnaît que la culture en serre n’est pas profitable pour l’instant, mais qui a bon espoir qu’elle le deviendra.

Un légume connu, mais méconnu

L’un des copropriétaires de l’entreprise, Yannick Guérin, estime que le radis est un légume qui « manque de visibilité ». « Parmi les premiers légumes récoltés, il y a les asperges, mais il y a aussi les radis, fait-il remarquer. Un radis qui pousse en terres noires, en plus, c’est un radis goûteux, rarement piquant, parce que la terre garde son humidité. La seule façon de faire des bons radis, c’est en terre organique. » Le producteur invite les gens, notamment les plus jeunes générations, qui auraient perdu l’habitude de consommer de ce légume, à goûter à ceux du Québec cultivés en terres noires.