Maraîchers 22 septembre 2023

Des volumes à écouler, mais une demande à plat

Après un été en dents de scie à la ferme en raison de pluies diluviennes, des producteurs de fruits et légumes remarquent une demande à plat pour leurs produits depuis le début septembre, à un moment où le retour du beau temps a finalement généré de l’abondance et de la qualité.

« Les deux dernières semaines ont été nos plus petites depuis 13 mois. On ressent un ralentissement important partout, pour tous les produits, locaux et importés », a confirmé, le 20 septembre, Guy Milette, vice-président exécutif chez Courchesne Larose, un important distributeur de fruits et légumes frais au Canada et aux États-Unis qui s’approvisionne au Québec, mais aussi à l’international.

Selon lui, le phénomène s’explique par une faible demande des consommateurs, dans un contexte d’inflation, de coût élevé des aliments et de pouvoir d’achat limité, mais aussi par une difficulté à bien arrimer des récoltes imprévisibles aux besoins des marchés. Il signale, par exemple, une abondance de produits qui arrivent tardivement à un moment où les chaînes n’ont pas prévu de promotions pour écouler de forts volumes.

C’est très difficile de lire les récoltes et de les arrimer avec la demande. On a eu un été bizarre avec des retards. Et quand l’approvisionnement n’est pas là, on doit compenser par des importations.

Guy Milette, vice-président exécutif chez Courchesne Larose

Il admet que les produits importés peuvent venir concurrencer les produits locaux, si la belle météo revient subitement et entraîne un boost des volumes dans les champs. 

Des producteurs de fraises d’automne, dont les champs regorgent de beaux fruits rouges depuis la canicule du début septembre, qui a stimulé le mûrissement, font partie de ceux qui peinent à écouler leurs produits depuis quelques semaines. 

« Elles sortent en abondance un peu plus tard qu’à l’habitude. Je connais des producteurs qui délaissent des sections. Nous, on n’en est pas là, mais on y pense », a notamment témoigné Philippe Vaillancourt, dont la ferme se situe à l’île d’Orléans, dans la région de la Capitale-Nationale. 

Robert St-Jacques, de Sainte-Clotilde-de-Châteauguay, en Montérégie, constate un ralentissement pour ses laitues. S’il peinait à approvisionner ses acheteurs à certains moments de l’été, en raison d’une qualité altérée par les excès d’eau, il se bute en ce moment à une demande à plat qui lui donne du fil à retordre pour écouler ses forts volumes. 

« Elle est belle, la salade, là. On a pas mal de produits à sortir du champ, mais on est pognés avec trop d’américaines sur le marché en même temps », observe le producteur, qui dit parvenir à tout vendre, grâce à un marché à combler en Caroline du Nord. Généralement, ses acheteurs qui sont des grossistes alimentent un peu les épiceries du Québec, mais cette année, M. St-Jacques remarque que ses laitues sont toutes exportées aux États-Unis, le marché local étant engorgé.

Le distributeur Guy Milette, qui se veut rassurant, affirme en revanche que la situation pourrait être temporaire et se replacer.